Ces jeunes qui désertent les régions pour les études

« Il y a une pénurie de main-d’œuvre en région ! », s’exclame l’agente de migration Pascale Landry. Les jeunes qui quittent les régions pour aller étudier en ville sont nombreux et nombreuses, et la plupart y restent. 

« Si tu veux faire autre chose qu’infirmière ou policière, il faut que tu partes », affirme l’Abitibienne Magalie Morin en repensant à ce qu’elle a entendu dans sa région natale. En 2021, Magalie Morin a quitté Rouyn-Noranda pour aller étudier au Collège Rosemont en génie biomédical. Elle habite aujourd’hui sur la Rive-Sud de Montréal. 

Désormais, sept heures et demie de route la séparent de son « chez-soi », comme elle l’appelle affectueusement. « [Tu as] l’impression de mieux respirer en Abitibi », affirme l’étudiante originaire de Rouyn-Noranda, nostalgique des grands espaces verts de sa région natale. 

Elle a toujours pensé qu’elle reviendrait s’installer à Rouyn-Noranda après ses études. Or, ça n’a pas été le cas. Magalie Morin s’est éprise d’une Montréalaise et l’amour l’a gardée en ville.

Elle découvre aussi les avantages de la métropole : l’accès à la culture, les bons restaurants, un système de transport en commun plus développé et les friperies du boulevard Saint-Laurent. C’est exactement ce que l’agente de migration en Haute-Gaspésie Pascale Landry explique : « Les jeunes aiment mieux l’offre des grandes villes : magasins, vie culturelle, plus de services, plus de sport, plus de musique et une ouverture sur le monde. »

Magalie Morin s’estime chanceuse d’avoir eu de l’aide financière de ses parents. Sans cela, elle n’aurait pas pu déménager et étudier dans un domaine qui la passionne. 

La réalité en Haute-Gaspésie

L’agente de migration Pascale Landry accompagne les moins de 35 ans dans leur déménagement en Haute-Gaspésie. Le plus gros problème de cette région, c’est qu’il n’y a qu’une école postsecondaire; c’est un centre de formation professionnelle qui offre six programmes, explique-t-elle. 

S’il y a un mythe qu’elle veut briser, c’est l’idée qu’il n’y a pas de travail en région. En Haute-Gaspésie, il y a des postes disponibles en santé, en enseignement, dans les organismes communautaires et en travail social, appuie-t-elle. 

Il existe de nombreux incitatifs pour les nouveaux arrivants et les nouvelles arrivantes en Gaspésie : un soutien financier au déménagement à travers le programme Bienvenue en Gaspésie, des crédits d’impôt au provincial et au fédéral pour les nouveaux diplômé(e)s, des déductions de frais de déménagement et des bourses pour le Cégep de la Gaspésie et des Îles. 

À la découverte de la grande ville 

Anne-Émilie Désilets habite à Québec depuis trois mois et elle étudie en administration des affaires à l’Université Laval. Il y avait plus d’options dans le programme de la Capitale-Nationale que dans les alentours d’Amos, sa ville natale d’Abitibi. « Il y a un facteur wow qui s’ajoute à tout », partage-t-elle. Selon elle, tout est plus beau et plus grandiose à Québec. 

Anne-Émilie Désilets raconte son amour pour la ville avec des étoiles dans les yeux. Les cafés, les activités, les bars, l’aspect historique de la ville : elle aime y jouer la touriste. Mais ce qu’elle préfère véritablement à Québec, ce sont les Starbucks . « À Amos [il y a] un Tim et un McDonalds, c’est tout », se remémore-t-elle, amusée. 

Cependant, tout n’est pas à la hauteur de ses attentes. « C’est plus dur que ce que le monde dit », déplore-t-elle. Elle avoue avoir vécu un peu de solitude avant la rentrée scolaire. « Maintenant, ça va mieux », confie Anne-Émilie Désilets.  

L’étudiante compte bien vivre dans les grandes villes toute sa vie. Elle aime le mouvement et le côté actif de la vie urbaine. Elle admet ne pas s’ennuyer de sa famille et de ses ami(e)s parce qu’elle est toujours occupée.  

Ce qui pousse à quitter

Le directeur de Vivre en Gaspésie, Danick O’Connor, explique que les deux grandes raisons de quitter les régions sont la volonté d’aller vivre une expérience en ville et d’avoir accès à une formation qui ne se donne pas en région. Les plus récentes enquêtes de Vivre en Gaspésie révèlent tout de même qu’environ 40 % des jeunes reviennent s’installer en Gaspésie après leurs études. 

L’organisme Place aux jeunes en région, où Pascale Landry travaille, offre des services pour favoriser l’intégration en région et même des séjours exploratoires pour donner une chance à la vie en milieu rural. « Chaque matin, nous nous levons avec la même mission en tête : favoriser l’attraction, l’intégration et la rétention des jeunes qualifiés de 18 à 35 ans en région », indique leur site internet. 

Mention photo : Chloé Rondeau

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