Northvolt : la population entre réjouissance et mécontentement

Le Montréal Campus s’est rendu aux séances d’informations publiques de la municipalité de Saint-Basile-le-Grand pour sonder la communauté au sujet de leurs préoccupations vis-à-vis l’implantation d’une usine de cellules de batteries par l’entreprise Northvolt. Environnement, infrastructures, trafic et acceptabilité sociale sont au cœur de leurs inquiétudes. 

Lors des séances d’information, organisées conjointement par la municipalité et Northvolt, le message diffusé par l’entreprise se voulait très clair : d’importantes retombées positives sur l’économie locale et l’emploi sont assurées. Toutefois, la population demeure divisée quant aux bénéfices de ce projet.

Pour plusieurs citoyens et citoyennes, la venue de l’entreprise suédoise à Saint-Basile-le-Grand est une occasion de faire rayonner la ville et la province à l’échelle mondiale. « C’est une opportunité pour le Québec d’aller chercher une nouvelle technologie d’avenir et de devenir un leader », affirme un résident de longue date, emballé par le projet.

La création de 3000 emplois bien rémunérés serait « une bouffée d’air frais » pour l’économie locale, certifie la municipalité. Toutefois, la venue de ces travailleurs et travailleuses et de leurs familles préoccupe les citoyens et des citoyennes de Saint-Basile-le-Grand. Ils et elles s’interrogent sur l’impact de cette migration sur la disponibilité des logements, autant à cause de la pénurie que de la surenchère. Alors que les propriétaires y voient un bénéfice financier, d’autres résidents et résidentes déplorent la difficulté croissante de se loger, qui touchera aussi les futur(e)s travailleurs et travailleuses de Northvolt et leurs familles.

L’environnement au centre des préoccupations

Les inquiétudes environnementales quant à ce projet sont fortes chez les plus jeunes. « La réticence du gouvernement à accepter une étude du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement [BAPE] est déjà en soi un aveu d’échec [de l’écoresponsabilité du projet] », confie un père de famille. La découverte de 13 espèces d’oiseaux en péril par des scientifiques du gouvernement provincial sur le terrain de 172 hectares où s’installera Northvolt inquiète également les résidents et les résidentes.

Le gouvernement Legault a récemment modifié la réglementation en lien avec la fabrication de cathodes (une composante des batteries) en relevant le seuil de tolérance de production de 50 000 à 60 000 tonnes, ce qui permet à Northvolt de ne pas être sujette à examen, car l’usine produira 56 000 tonnes de cathodes.

Un emplacement jugé problématique

Les infrastructures routières sont aussi une source de mécontentement pour les automobilistes qui utilisent quotidiennement la route 116, où une rampe d’accès à l’usine temporaire sera construite. Celle-ci sera en fonction pour une durée de cinq ans avant que la voie permanente ne soit installée. « Il faudrait que ce soit construit en même temps que l’usine, parce qu’encombrer les résidents et les résidentes dès le départ, ça ne va pas aider la réputation de Northvolt », affirme une citoyenne qui habite près de la route.

Des Grandbasilois et Grandbasiloises plus âgé(e)s se souviennent de l’ancien occupant du terrain de Northvolt, le fabricant de munitions CIL. Un aîné de la ville qui se rappelle de l’explosion de l’ancienne usine ayant causé la mort de huit personnes en 1975 redoute des enjeux de sécurité similaires avec Northvolt.

Gagner l’acceptabilité sociale

Dans ce contexte, l’acceptabilité sociale n’est pas encore acquise. Lorsque les résidents et les résidentes s’expriment quant à la façon d’y parvenir, les réponses sont variées. « J’aurais aimé être avisé, parce que présentement on se le fait un peu pousser dans la gorge sans avertissement préalable », rapporte un père de famille de Saint-Basile-le-Grand.

Certains et certaines attribuent à Northvolt la responsabilité de gagner l’acceptabilité sociale, tandis que d’autres l’imputent à la municipalité ou à la population elle-même. « Il faut discuter et trouver une solution ensemble, parce qu’on fait partie de la solution en tant que population », soutient une représentante d’une association communautaire de la région.

Pour beaucoup, l’approbation du projet par le BAPE est essentielle. « Il est nécessaire d’avoir l’avis d’experts non influencés par un côté ou l’autre », affirme un résident. Les retombées économiques pour la population seront suffisantes pour convaincre, jugent d’autres citoyens et citoyennes. « Les projets comme ça sont toujours controversés. Ce n’est que dans dix ans qu’on pourra en avoir le cœur net. D’ici là, on reste sceptiques », croit un Grandbasilois.

Mention photo : Chloé Rondeau

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