La famille de vampires de Sasha se trouve confrontée à un dilemme déconcertant : leur jeune fille, prisonnière d’une inexplicable bienveillance envers les humains, peine à s’adonner à la morsure salvatrice. Sasha tente de vaincre cette empathie et fait la rencontre de Paul, un humain qui porte le fardeau d’une existence solitaire et d’une dépression latente.
Récompensé à la Mostra de Venise, Vampire humaniste cherche suicidaire consentant a été présenté pour la première fois au Québec le 10 octobre dernier. Ce premier long-métrage de la réalisatrice Ariane Louis-Seize a remporté le prix du meilleur film dans la catégorie Compétition nationale du Festival du Nouveau Cinéma (FNC).
Le thème du passage à l’âge adulte est un territoire fréquemment exploré au cinéma, mais le potentiel d’innovation est immense quand les réalisateurs et les réalisatrices trouvent un angle original. Ici, Ariane Louis-Seize plonge l’auditoire au cœur de la jeunesse éternelle de Sasha, une vampire de 68 ans jouée par Sara Montpetit — qui offre une performance d’un ton froid et tout en douceur, en contraste avec l’humour de l’œuvre. Sasha se retrouve donc partagée entre son refus de tuer des humains et sa soif inextinguible. Son empathie la pousse à traverser un lot d’épreuves pour pouvoir se nourrir par ses propres moyens, en évitant le plus possible la chair humaine.
Une approche cinématographique rafraîchissante
L’approche très terre à terre de Vampire humaniste cherche suicidaire consentant permet de créer une réelle coupure avec l’extravagance souvent associée au genre vampirique. Le récit, à la fois captivant et original, s’est imposé comme une véritable bouffée d’air frais dans un genre dont les codes semblent bien établis : des créatures immortelles se nourrissant de sang, des pouvoirs surnaturels, des thèmes de séduction et de perdition ainsi que des conflits moraux liés à la dualité entre l’humanité et la monstruosité.
Ici, les codes sont plus ou moins les mêmes, mais l’ajout de quelques séquences humoristiques donne un aspect plus léger au film. Dans une des scènes, Paul (interprété par Félix-Antoine Bernard, convaincant sur toute la ligne) et sa mère (jouée par Sophie Cadieux) sont convoqué(e)s dans le bureau de la directrice de son école puisqu’il a abattu une chauve-souris sans le faire exprès devant toute sa classe. La directrice l’accuse d’être un élève violent qui pourrait s’en prendre à un ou une camarade. Paul lui répond : « À part moi-même, je ne tuerai jamais personne. »
Une rencontre singulière
C’est donc en quête d’une approche éthique (tuer ceux et celles qui veulent déjà s’enlever la vie) pour satisfaire son désir de prendre une vie humaine que Sasha fait la rencontre de Paul, qui est victime d’intimidation. Paul consent à devenir la proie de Sasha, mais leur projet initial dévie lorsque leur aventure se transforme en une mission visant à réparer les torts et à affronter les agresseurs de Paul.
Au fil de l’intrigue, la réserve initiale de Sasha et Paul se transforme lentement en un attrait mutuel. Sara Montpetit et Félix-Antoine Bénard incarnent cette valse hésitante avec une richesse de nuances évoquant à la fois le malaise et la fascination. Malgré le ton général du film, leur danse amoureuse est empreinte d’une innocence touchante, rappelant le premier amour.
Une grande réussite
Vampire humaniste cherche suicidaire consentant se distingue par son réalisme, une qualité qui apporte un vent de fraîcheur et de renouveau dans un genre souvent enclin à l’extravagance. Le film aborde des thèmes sérieux avec subtilité et légèreté, comme ceux du suicide et de l’aide médicale à mourir, tout en offrant une chimie palpable entre les protagonistes.
Ce long-métrage de 90 minutes se démarque par son ingéniosité, son humour et sa créativité. L’issue morale de cette aventure reste ouverte à l’interprétation de chaque spectateur et spectatrice, mais une chose est certaine : ce périple sanglant en vaut le détour.
Vampire humaniste cherche suicidaire consentant est présentement en salle partout au Québec.
Mention photo : Vampire humaniste cherche suicidaire consentant
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