Trois associations étudiantes victimes de « rénovictions »

Plus d’un an après leurs premières mobilisations contre la délocalisation de leurs locaux, trois associations étudiantes de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) ont récemment appris qu’elles devront bientôt rendre leurs clés. La volonté de l’administration de réaménager les espaces fréquentés par la communauté étudiante crée de la grogne entre les murs de l’université. 

En pleine fin de la session d’hiver 2023, l’Association facultaire étudiante des sciences humaines (AFESH), l’Association facultaire étudiante de science politique et droit (AFESPED) et l’Association facultaire étudiante des arts (AFÉA) ont été mises au courant de l’éviction de leurs locaux du pavillon Judith-Jasmin le 12 mai prochain, dans le cadre d’un projet de réaménagement de l’UQAM.  

Leurs espaces seront utilisés pour rassembler les groupes étudiants d’envergure et les groupes étudiants reconnus. Le Comité de soutien aux parents étudiants (CSPE), Entraide universitaire mondiale Canada, le Cercle des Premières Nations et la Ligue d’improvisation centrale sont les groupes qui pourraient avoir accès à ces lieux, selon une publication de l’UQAM sur les réseaux sociaux. Cette nouvelle a fait réagir plusieurs membres de la communauté étudiante le 15 avril dernier.

Peu de temps après l’annonce de la délocalisation des locaux, les associations étudiantes concernées ont pris la parole sur les réseaux sociaux. L’AFÉA a déclaré que « l’administration tente de relancer une menace qu’elle brandit depuis maintenant près de 10 ans ; briser l’unité des associations étudiantes en divisant leurs locaux et en les délocalisant à travers le campus ».

De son côté, l’AFESH a indiqué « que ce décret unilatéral de l’administration est une déclaration de guerre ». L’AFESPED a quant à elle écrit sur sa page Facebook que Jean-Christian Pleau, vice-recteur à la vie académique, « nous impose des placards à balai cachés et séparés sur plusieurs étages et pavillons comme nouveaux locaux ». 

L’AFESH sera déplacée au pavillon Thérèse-Casgrain (W), l’AFESPED au pavillon des Sciences de la gestion (R) et l’AFEA au premier étage du pavillon Judith-Jasmin (J).

Les organisations étudiantes demandent à l’administration de l’UQAM de renoncer à la délocalisation des locaux ou de trouver de nouveaux espaces selon différents critères. Les associations réclament entre autres que leurs locaux puissent regrouper leurs équipes au niveau du métro et que leurs espaces demeurent au centre du campus.

Des mandats de grève à l’horizon

Les trois associations ont organisé des assemblées générales de grève pour conserver leur emplacement et pour faire valoir leurs revendications. 

Le Montréal Campus s’est rendu le 18 avril dernier sur les lieux de l’assemblée générale d’urgence de l’AFESH où plus d’une centaine d’étudiants et d’étudiantes étaient rassemblé(e)s. Les membres présents et présentes ont voté à l’unanimité en faveur d’un mandat de grève générale illimitée déclenchable à la session d’été 2023. 

En sortant de l’assemblée, plusieurs étudiants et étudiantes semblaient satisfaits et satisfaites de cette décision. Alexandra, étudiante en géographie, reconnaît l’importance de l’accès aux locaux communs, pour l’imprimante par exemple. Pour Marie, aussi étudiante en géographie, « la localisation des locaux aide vraiment à la diffusion des luttes et du militantisme en général ». 

L’AFÉA a, quant à elle, voté pour une grève les 1er et 2 mai. Une autre assemblée de grève est prévue le 3 mai afin de « déterminer la suite des choses ». L’AFESPED s’est prononcée pour un mandat de grève « de 3 jours déclenchable à n’importe quel moment ». 

De la solidarité sur le campus

Une dizaine d’autres groupes et associations ont également exprimé leur soutien aux organisations évincées. L’Association facultaire étudiante de langues et communication, l’Association des étudiantes et étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation, le Groupe de Recherche d’Intérêt Public du Québec, le café Aquin et le Comité souverainiste de l’UQAM en font notamment partie. 

Le Comité de soutien aux parents étudiants (CSPE) a déclaré dans une lettre envoyée à divers responsables de l’UQAM que l’organisation n’a jamais été avisée de sa relocalisation dans les espaces actuels des trois associations. D’après le CSPE, « l’UQAM rate une occasion de se montrer ouverte aux priorités et aux besoins exprimés par des associations représentantes de sa communauté étudiante. » 

Les délégué(e)s étudiants et étudiantes au conseil d’administration de l’UQAM ainsi que le Syndicat des professeures et professeurs enseignants de l’UQAM ont aussi appuyé les trois organisations. 

Des arrangements pas encore précisés 

L’administration de l’UQAM s’est dite ouverte à faire des compromis avec les différentes associations étudiantes. « Il y a un besoin de visibilité qui est exprimé [de la part des associations], donc on peut regarder ce qui peut être fait », souligne Jean-Christian Pleau, vice-recteur à la vie académique.

Ce dernier n’a toutefois pas été en mesure de confirmer les types d’accommodements qui pourraient être pris. « Il serait prématuré de dire maintenant où nous allons », indique-t-il.

M. Pleau affirme également que ces déménagements s’inscrivent dans une vision d’embellissement des espaces de l’université, et non pas dans une volonté d’étouffement du mouvement étudiant, comme le prétendent les associations. Il soutient que les différentes organisations concernées par les travaux sont au courant depuis longtemps. « On a eu une rencontre avec eux à l’automne 2020 et une autre au début de l’hiver 2022. Les informations à ce sujet ont été communiquées il y a un bon moment, parce que ce ne sont pas des travaux qui ont été imaginés il y a une semaine », précise-t-il.

Le vice-recteur à la vie académique croit toujours que les mandats de grève votés par les différentes associations peuvent être évités. « J’espère encore que ces mandats de grève ne se réalisent pas. Nous sommes en discussion avec les associations étudiantes. Nous avons pris connaissance de leurs demandes et sommes en train de les analyser », affirme-t-il.

Mention photo : Lucie Parmentier | Montréal Campus

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *