Les groupes multiculturels contre le mal du pays

Ce texte est paru dans l’édition papier du 30 mars 2023

Les groupes étudiants multiculturels de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) offrent des activités et des lieux de rencontre sécuritaires aux membres sous-représenté(e)s ou marginalisé(e)s de la communauté étudiante. Malgré leur mission rassembleuse, ces organisations peinent à se faire connaître entre les murs de l’université.

« Quand on arrive au Canada, on est entouré d’autres valeurs, d’autres cultures », explique Sémya Salpetrier, coprésidente de l’Association des Étudiant.e.s d’Origine Caribéenne (AEOC) de l’UQAM. « Notre association nous permet de nous retrouver, de réaliser que les Antilles, ce n’est pas comme si on les avait oubliées », indique celle qui décrit l’AEOC comme un « village ». 

Même si les groupes étudiants multiculturels sont essentiels pour leur communauté, ces organisations demeurent largement inconnues au sein de l’université.. « Il y a beaucoup plus d’étudiantes et d’étudiants qui viennent des Antilles à l’UQAM que de personnes qui participent aux activités de l’AEOC », déplore Sémya Salpetrier.

Ariane Masquilier, secrétaire du Regroupement des Étudiant.e.s Internationaux de l’UQAM (REI-UQAM), constate la même situation pour son groupe qui a été créé en 2019. « On est encore un nouveau groupe, ça prend du temps », renchérit-elle. 

La quantité d’étudiants et d’étudiantes qui se présentent aux activités organisées par le REI-UQAM est très variable. « Les étudiants étrangers apprennent qu’on existe très tard dans leur échange étudiant », mentionne Ariane Masquilier.  

Bobby Luangamath, vice-président aux communications de l’Association des étudiants asiatiques (ADEA) de l’UQAM, souligne qu’avant la pandémie, « il y avait quand même beaucoup de membres d’ADEA. Mais maintenant, il y a moins de gens qui veulent rejoindre l’association. » 

Pour pallier leur manque de visibilité, ces groupes tentent de se faire connaître grâce à de la publicité sur les réseaux sociaux ou aux kiosques d’information durant l’heure du dîner dans le pavillon Judith-Jasmin de l’UQAM. 

Des activités variées

Les activités des groupes étudiants multiculturels de l’UQAM sont variées. Certains regroupements cherchent à mettre en valeur une culture, tandis que d’autres militent pour les intérêts d’une communauté particulière. 

C’était le cas du REI-UQAM, qui avait comme objectif lors de sa création d’unir les personnes touchées par la réforme du Programme de l’expérience québécoise. Celle-ci aurait limité la quantité d’étudiants et d’étudiantes internationaux accepté(e)s dans la province. Le gouvernement de la Coalition avenir Québec dirigé par François Legault avait finalement reculé. Depuis, le groupe multiculturel est devenu un lieu de rencontre pour les étudiants et les étudiantes internationaux qui se sentent seul(e)s à leur arrivée au Québec.

De son côté, l’ADEA, depuis sa création en 1987, vise à célébrer la culture asiatique en proposant des projections de films, des soirées de jeux et des activités culinaires. En janvier dernier, l’équipe a organisé une fête pour le Nouvel An lunaire. Bobby Luangamath souligne toutefois que seulement huit personnes de l’UQAM se sont présentées à la soirée. « Avant, on avait plus de 20 personnes à nos événements », déplore-t-il. 

Contrairement à d’autres groupes multiculturels qui accueillent seulement des étudiants et des étudiantes de la même origine ethnique, l’ADEA reste ouverte à toute la communauté uqamienne. « Ça rapproche des étudiants asiatiques et d’autres gens aussi qui sont intéressés par la culture asiatique », poursuit Bobby Luangamath. 

L’AEOC, quant à elle, travaille en collaboration avec les associations étudiantes caribéennes d’autres universités, comme la Caribbean Students’ Society (CSS) de l’Université McGill. Ensemble, ces organisations favorisent l’inclusion des étudiants et des étudiantes provenant des Caraïbes dans les universités. Cette mission est importante, juge la présidente de l’AEOC, Sémya Salpetrier, puisque « l’immigration étudiante entre les Antilles et le Canada, c’est assez nouveau ».

Si les groupes étudiants multiculturels continuent de souffrir d’un manque de popularité, « ça pourrait devenir inquiétant », s’alarme Ariane Masquilier. Malgré tout, la secrétaire du REI-UQAM précise qu’une organisation étudiante comme la sienne « peut vraiment faire la différence dans l’intégration d’une personne étudiante à Montréal ». 

Mention photo : Chloé Rondeau | Montréal Campus

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