Silence radio de l’UQAM sous les bruits d’alarme

Ce texte est paru dans l’édition papier du 30 mars 2023

Incendies, inondations, personnes armées… Lorsqu’il est question de mesures d’urgence, l’Université du Québec à Montréal (UQAM) peine à informer sa communauté. La direction souhaite résoudre ce problème à l’aide d’une application d’alerte qui sera disponible dès l’automne 2023.

« Au pavillon Paul-Gérin-Lajoie, l’alarme de feu sonne tout le temps. On ne sait jamais s’il y a vraiment le feu », relate Julie Bouchard, étudiante au baccalauréat en enseignement secondaire. « On ne savait même pas par où sortir. On n’était même pas certains que l’alarme qui sonnait était une alarme de feu. » Elle juge que l’UQAM ne communique pas adéquatement les mesures à prendre en cas d’urgence. « C’est certain qu’il y a un site Web, mais personne n’est au courant », signale-t-elle.

La jeune femme n’est pas la seule à critiquer le manque d’informations fournies par le Service de la prévention et de la sécurité de l’UQAM en ce qui a trait aux mesures d’urgence. 

Nicolas Sickini, qui étudie aussi au baccalauréat en enseignement secondaire, affirme ne pas avoir été convenablement avisé d’une inondation qui sévissait dans son pavillon. « On n’est pas très informés. Je l’ai appris quand je me suis rendu sur place. Ils avaient envoyé un courriel, mais je n’avais pas accès à mon ordinateur dans le métro pour vérifier », explique-t-il avec agacement. 

Mis à part le manque d’indications concernant les mesures de sécurité, Tilly Falourd, étudiant au baccalauréat en art dramatique à l’UQAM, dénonce le manque de coopération de l’université. Il se remémore un événement ayant forcé sa classe à changer de local : « En l’espace de cinq minutes, on s’est rendu compte que des personnes s’étaient introduites dans la classe et avaient volé les ordinateurs de certains élèves et le cellulaire de notre enseignante, raconte-t-il. Les caméras ont révélé que c’était des [personnes en situation d’itinérance] qui étaient entrées dans le [pavillon] Judith-Jasmin. » Pour lui, la surveillance à l’entrée de l’université pourrait être améliorée.

Un éventail de services

« L’UQAM déploie un certain nombre d’actions en matière de gestion des urgences, comme des tournées d’agents de sécurité sur le campus. Il y a également un réseau de caméras de protection, un numéro direct d’urgence, un réseau de téléphones rouges d’urgence, etc. », affirme Normand Larocque, directeur du Service de la prévention et de la sécurité de l’UQAM.

Ce dernier considère que son service est proactif en ce qui concerne la sensibilisation des étudiants et des étudiantes. « [Le Service de la prévention et de la sécurité] distribue du matériel d’information et organise des kiosques de sensibilisation, notamment sur les vols de vélo, la prévention d’incendie [et autres] », énumère-t-il.

« Lorsque des situations d’urgence se produisent, l’université informe de différentes manières sa communauté : réseau d’écrans numériques, interphone, sites Web, médias sociaux, communiqués Info-SPS, notamment », renchérit M. Larocque. 

D’après les témoignages recueillis par le Montréal Campus, peu de membres de la communauté étudiante sont au courant de tous ces services.

Une application en route

L’UQAM fournit déjà gratuitement un système de messagerie texte, Alertes texto, qui sert à informer le corps étudiant et le personnel des situations exceptionnelles qui peuvent se produire sur le campus. Ce système est pourtant méconnu de la majorité.

« Une nouvelle application de notification des urgences remplacera l’automne prochain Alertes texto. Elle communiquera en temps réel des informations pertinentes sur des situations comme des alarmes incendie, une évacuation de pavillon, une panne de courant et sur toutes autres situations d’urgence pouvant affecter la communauté », indique le directeur du Service de la prévention et de la sécurité de l’UQAM.

Une application similaire existe déjà dans de nombreux campus universitaires de la province. L’Université du Québec à Rimouski (UQAR) en fait une utilisation régulière depuis 2018. 

« [L’application nommée Sécurité UQAR] permet d’avoir un outil supplémentaire pour donner à nos étudiants et à notre personnel l’information sur les mesures d’urgence, sur les points de rassemblement, sur où sont nos défibrillateurs, et pour nous permettre de faire des notifications en temps réel quand il y a une situation. On utilise aussi cette application pour les alertes-tempêtes », explique Nadia Drapeau, directrice du Service des terrains, bâtiments et de l’équipement à l’UQAR.

Mme Drapeau considère qu’avant l’arrivée de Sécurité UQAR, l’annonce des situations d’urgence se rendait péniblement aux oreilles de tous et de toutes. « On s’est mis à la recherche de différentes possibilités, dont une application qui permet de faire des notifications en temps réel », rapporte la responsable de la sécurité à l’UQAR. Cette dernière soutient que l’application a bien été reçue par la communauté et qu’elle s’avère très efficace.

Le corps étudiant réceptif

Tilly Falourd estime qu’une application à l’UQAM serait bénéfique. « Je pense que c’est une excellente idée. Ça permettrait de prévenir tout le monde. Souvent, les étudiants savent qu’il se passe quelque chose à l’UQAM parce qu’ils le voient dans le journal ou dans un courriel, mais il n’y a pas forcément de notification pour ça. On l’apprend souvent après que ce soit arrivé », dénonce l’étudiant.

Julie Bouchard et Nicolas Sickini sont du même avis. « On avait ça au cégep et c’était très utile. Ça a été un choc qu’on n’ait pas ça à l’UQAM », ajoute le jeune homme.

Normand Larocque, directeur du Service de la prévention et de la sécurité de l’UQAM, assure que cette application sera disponible dès l’automne 2023, et ce, pour tous les étudiants et toutes les étudiantes. « La communauté sera informée au moment opportun des diverses modalités liées à cette nouvelle application et invitée à s’y abonner à l’automne », note-t-il.

Mention photo : Lucie Parmentier | Montréal Campus

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