Entre salles de classe qui débordent et pénurie de personnel enseignant, l’éducation se retrouve plus que jamais au cœur des réflexions dans la sphère publique. Pourtant, la voix des jeunes trouve peu d’écho parmi ces débats. Pour remédier à la situation, le projet Parlons éducation organisera des forums citoyens pour inviter les jeunes à discuter du système d’éducation québécois.
Le projet Parlons éducation souhaite promouvoir un exercice démocratique citoyen « différent du vote » où l’on discute via des forums citoyens de « ce qui va et ce qui ne va pas en éducation », explique la porte-parole du comité jeunesse, Lylou Sehili. L’idée est d’encourager la démocratie scolaire, soit l’implication de l’ensemble des acteurs et des actrices du système d’éducation dans la prise de décisions, précise-t-elle.
L’initiative, lancée le 10 janvier dernier via une conférence de presse, est une collaboration entre les organismes citoyens Debout pour l’école, École ensemble, Je protège mon école publique et le Mouvement pour une école moderne et ouverte.
19 forums auront lieu dans 18 villes au Québec à compter de la mi-mars. L’Université du Québec à Montréal (UQAM) accueillera l’un de ces rendez-vous les 14 et 15 avril prochains.
Place aux jeunes
Lylou Sehili, Quentin Lehmann, Dalie Lauzon-Vallières et Gaëlle Poirier-Morin font partie du comité jeunesse de Parlons éducation. Il et elles souhaitent encourager une parole par et pour les jeunes. « On cherche à aller comprendre quels sont les problèmes de l’éducation, souligne Quentin. C’est impossible de le faire sans demander aux jeunes qui les vivent chaque jour. »
Afin de recueillir l’opinion d’un maximum de jeunes, un atelier créé par le comité est offert en ligne. À travers une discussion dirigée, chaque étudiant ou étudiante qui le désire peut sonder ses collègues de classe sur les enjeux qui les préoccupent en éducation. Les réponses sont transcrites dans un formulaire fourni dans le cadre de l’atelier, qui est ensuite envoyé à Parlons éducation.
Le comité, adoptant une approche « décentralisée », souhaite échanger avec des étudiants et des étudiantes de tous les milieux. Les jeunes peuvent consacrer l’énergie et le temps qu’elles et ils désirent dans ce projet, exprime Dalie.
La voix des étudiant(e)s de l’UQAM
Gaëlle Poirier-Morin, responsable des communications pour Parlons éducation, prône la démocratisation du système scolaire. Cette conviction lui vient en partie des principes de démocratie scolaire mis en œuvre à l’UQAM.
La diplômée du baccalauréat en communication, politique et société de l’UQAM met toutefois en doute que les principes démocratiques soient entièrement respectés au sein de l’université.
Le chargé de cours de l’UQAM Hugue Asselin abonde en ce sens. La démocratie scolaire s’est « effritée » depuis la création de l’UQAM, juge-t-il.
M. Asselin travaille au Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté (Centr’ERE) de l’UQAM, qui collabore avec Parlons Éducation. Le Centr’ERE propose une stratégie québécoise d’éducation relative à l’environnement.
Le Centre avait participé à l’ouvrage collectif Une autre école est possible et nécessaire, paru en mars 2022, dans lequel des pistes de solution étaient proposées pour penser à l’école dont le Québec a besoin.
Hugue Asselin remarque que les étudiants et les étudiantes de l’UQAM ne sont pas écouté(e)s. « L’UQAM a été fondée sur des principes fondamentalement démocratiques […] où l’on voulait parler d’égal à égal et faire participer les étudiants à tout le processus de formation », mentionne-t-il.
D’après lui, l’écart hiérarchique entre le corps enseignant et la communauté étudiante s’est « amplifié » dans les dernières années. Bien qu’il existe encore aujourd’hui des ententes d’évaluations (concernant la pondération, les échéances, etc.), les étudiants et les étudiantes n’ont aucun moyen de négocier le contenu du cours, souligne-t-il.
Isac Sévigny et Benjamin Cloutier, étudiants de troisième année au baccalauréat en enseignement secondaire en univers social à l’UQAM, partagent un sentiment d’impuissance face à leur formation universitaire. « Je ne ressens pas vraiment que l’UQAM est de notre bord pour changer les choses », témoigne Benjamin. Ce dernier dénonce notamment les stages non rémunérés et les sessions intensives.
Isac critique également le curriculum imposé dans les écoles secondaires par le ministère de l’Éducation. Selon lui, les méthodes d’évaluation prescrites par le ministère ne permettent pas d’évaluer adéquatement les compétences des jeunes.
En photo : le comité jeunesse de Parlons Éducation. Mention de source : Jamie Latvaitis
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