Dans les coulisses des artisans et des artisanes du cinéma 

Monteur et monteuse, accessoiriste, assistant et assistante à la production…  Les métiers de l’ombre dans l’industrie du cinéma sont nombreux, et pourtant, peu reconnus. Confronté(e)s à des horaires effrénés et à une charge de travail excessive, ces travailleurs et travailleuses souhaitent faire connaître leur réalité au grand public. Portraits. 

« Je me réveille le matin très tôt, vers 4 heures 30, [pour aller travailler]. Je dirais que je finis de travailler vers 22 heures 30 ou 23 heures parce que je ne suis plus capable, mais avec mon perfectionnisme, je pourrais continuer ! », s’exclame l’accessoiriste extérieure Alyssa Chaput. 

Pendant une période de tournage, qui peut s’étaler sur plusieurs semaines, Mme Chaput enchaîne les longues journées à préparer les accessoires. Elle les achemine ensuite vers l’accessoiriste intérieur, qui s’occupe de les disposer sur le plateau.

Des imprévus peuvent survenir en cours de journée, ce qui bouscule souvent son l’horaire. L’équipe de tournage peut lui demander, à la dernière minute, de lui fournir divers accessoires (aliments, vaisselle, vêtements, etc.). « C’est tellement intense que je n’ai souvent pas le temps de manger. C’est comme si on était dans une machine ou dans une usine », confie-t-elle. 

Un manque de reconnaissance

« Certaines personnes voient l’emploi d’assistance à la production comme la “p’tite job de merde” à faire les cafés et à ramasser les poubelles, mais c’est vraiment plus que ça », témoigne Audreyanne Fauchon.

Son poste consiste à s’assurer que l’ensemble du tournage se déroule bien. Que ce soit bloquer les rues, ranger les loges ou déplacer du matériel, ces lourdes tâches reviennent à l’équipe d’assistance à la production. « On commence en premier et on finit en dernier. Les journées peuvent facilement monter à 14 ou 16 heures », souligne-t-elle. 

Malgré leurs longues heures de travail, les assistants et les assistantes à la production souffrent d’un manque de reconnaissance de la part de leurs collègues, déplore Mme Fauchon. « On a toujours à penser à 18 choses en même temps. À la minute où il y a une petite affaire qui ne fonctionne pas bien, ça retombe sur nous », dénonce l’assistante à la production. Mme Fauchon affirme tout de même que son métier est gratifiant, puisqu’il lui permet de créer de nouveaux contacts dans l’industrie du cinéma. 

De l’intensité à la stabilité 

Contrairement aux personnes qui travaillent directement sur les plateaux, l’assistante-monteuse Jeannick Desjardins a un horaire beaucoup plus stable. 

Elle travaille à l’étape de la postproduction, qui comprend le montage, la colorisation et l’ajout d’effets spéciaux ou sonores. Avant d’être attribué au monteur ou à la monteuse, le matériel passe par son assistant ou son assistante.

Le métier de Mme Desjardins consiste à organiser le projet pour le monteur ou la monteuse, notamment synchroniser la vidéo avec le son, classer les scènes dans des dossiers et prendre en note les erreurs techniques, comme une perche dans le cadrage. 

Mme Desjardins se sent chanceuse de pouvoir vivre de sa passion, sans la charge de travail élevée que peuvent vivre d’autres personnes du milieu. Elle se désole toutefois du manque de reconnaissance de la part du public. « Quand un film prend l’affiche, on va acclamer le réalisateur, le producteur et parfois le directeur de la photographie. Souvent, les autres personnes vont passer sous le tapis », exprime-t-elle. Selon Alyssa Chaput, cette absence de reconnaissance de la part de la population s’explique par une méconnaissance de la pluralité des métiers du cinéma.

Jusqu’à tout récemment, le Gala Québec Cinéma mettait en valeur les artisans et les artisanes du cinéma de la province. Au mois d’octobre 2022, les organisateurs et les organisatrices ont annoncé que cet événement, pourtant apprécié par le milieu, serait retiré des ondes, invoquant une baisse des cotes d’écoute.

Mme Desjardins encourage le public à toujours rester tout au long du générique d’un film, peu importe l’origine de l’œuvre. Le public pourrait ainsi remarquer la présence de certains noms québécois. Par exemple, les effets spéciaux de l’émission Stranger Things ont été produits par la compagnie de services graphiques Rodeo FX, basée à Montréal. La métropole québécoise est l’une des plaques tournantes mondiales du secteur des effets visuels et de l’animation, insiste l’assistante-monteuse.

Mention illustration : Malika Alaoui|Montréal Campus

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