« The Flying Sailor » propulsé aux Oscars 

Dirigé par les réalisatrices canadiennes Amanda Forbis et Wendy Tilby et produit par l’Office national du film du Canada (ONF), The Flying Sailor est en lice pour l’Oscar du meilleur court métrage d’animation. En portant à l’écran une expérience de mort imminente, l’œuvre propose une réflexion provocante sur les moments mondains qui composent nos vies.  

Le 6 décembre 1917, à Halifax en Nouvelle-Écosse, le cargo français Mont-Blanc, chargé de 2,9 kilotonnes d’explosifs, entre en collision avec le SS Imo, un navire norvégien. Cet accident provoque la plus puissante explosion accidentelle causée par l’homme avant l’avènement de la bombe nucléaire. Le court métrage de Wendy Tilby et Amanda Forbis s’inspire de l’histoire surprenante de Charles « Charlie » Mayers, officier du Middleham Castle, un cargo anglais. Il a survécu à l’explosion qui l’a projeté à une distance de deux kilomètres de son navire.

Bien que The Flying Sailor se base sur des événements historiques, l’intérêt réside plutôt dans le surréalisme de l’histoire du matelot. « Nous nous sommes demandé ce que ce matelot avait vécu pendant ce vol. Cet événement qui n’a duré que quelques secondes a été étiré pendant plusieurs minutes pour raconter une expérience de mort imminente », précise Wendy Tilby en entrevue avec le Montréal Campus. 

Des scènes rapides illustrant des moments anodins de la vie du matelot entrecoupent sa chute. Les réalisatrices ont tenté de répondre à la question : « à quoi cet homme devait-il penser ? »

Un « poème audiovisuel »

The Flying Sailor, qui utilise un mélange d’animation 2D et 3D, est un court métrage muet d’environ huit minutes. La trame sonore qui accompagne l’animation de Wendy Tilby et Amanda Forbis est le travail de Luigi Allemano, compositeur et cinéaste montréalais. Le court métrage est un « poème audiovisuel », décrit-il en entrevue avec le Montréal Campus.  

Dans la première partie du film, la composition musicale rappelle les dessins animés. Par la suite, les arrangements tirent leurs inspirations de Debussy, Stravinsky et Bach. La trame sonore de Luigi Allemano est un mélange discordant d’éléments comiques et dramatiques qui, une fois réunis, sont tout aussi significatifs qu’un dialogue. « Ici, à Montréal, il y a une richesse de talent dans le monde de la musique », souligne le compositeur.

L’explosion d’Halifax a causé la mort de près de 2000 personnes et a détruit un quartier voisin. 25 000 personnes se sont retrouvées sans abri. Pour recréer l’effet « surréaliste » de l’explosion, les musiciens et musiciennes de The Flying Sailor ont joué leur instrument au ralenti. Des effets sonores, incluant des enregistrements de feux d’artifices et d’explosions, ont également été ralentis au montage. Le tout a finalement été arrangé par Jean Paul Vialard. 

Être nominé aux Oscars, un hommage incomparable 

Il s’agit de la quatrième nomination aux Oscars pour Wendy Tilby et de la troisième pour Amanda Forbis. « C’est une expérience très vulnérable de présenter un film devant le public pour la première. En tant que réalisatrice, nous espérons qu’il soit apprécié et compris comme nous l’avions imaginé », déclare Wendy Tilby. « Si nous avons fait un film, c’est pour que les gens le voient, alors c’est très gratifiant », ajoute Amanda Forbis. 

Selon Julie Roy, directrice générale de l’ONF, un énorme travail en coulisses est conditionnel à une nomination aux Oscars. « Cela prend toute une équipe qui travaille dans l’ombre pour faire connaître [le film] et pour aller chercher le vote des membres de l’Académie. Il y a toute une stratégie et un déploiement marketing qui se met en branle », explique-t-elle. 

Avec The Flying Sailor, l’ONF a obtenu sa 77e nomination aux Oscars. Pour Mme Roy, si l’ONF continue de trouver sa place à l’international dans le milieu de l’animation, c’est grâce au travail des cinéastes et des membres qui constituent leurs équipes. « L’ensemble de la production de The Flying Sailor a été faite à l’ONF. Cela continue de nous positionner comme un chef de file mondial en cinéma d’animation », ajoute-t-elle. 

Mention photo : Office national du film du Canada

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