Un soulagement pour les personnes étudiantes non-vaccinées

L’abandon du passeport vaccinal, prévu d’ici le 14 mars au Québec, redonne espoir aux étudiants et aux étudiantes non-vacciné(e)s contre la COVID-19, en marge de la vie sociale universitaire depuis maintenant six mois.

Par Maude Careau-Bélanger

Pour Sofia*, le début de la vie universitaire s’est déroulé dans le manque d’affinités avec ses collègues de classe. L’étudiante au baccalauréat en communication profil médias numériques, qui n’a pas reçu le vaccin, a dû faire une croix sur ses intégrations, qui se tenaient pendant la semaine du 6 septembre 2021.

Le comité organisateur était dans l’obligation de demander le passeport vaccinal pour la totalité des activités d’intégrations. Ainsi, alors que la majorité de ses camarades de classe avaient tissé des liens, Sofia ne connaissait personne.

« L’UQAM, pour moi, est devenue un milieu de scolarisation plus que de socialisation. Chose que je trouve déplorable », témoigne Jérôme*, un étudiant non-vacciné au baccalauréat en enseignement secondaire. Ce dernier, qui souhaite conserver l’anonymat, s’est vu contraint de dire au revoir aux sorties avec ses camarades de classe et à la chorale de l’UQAM.

« C’est comme si l’on pensait que tout le monde était vacciné », lance Arthur*, un étudiant au baccalauréat en sociologie, qui a lui aussi fait le choix de ne pas recevoir le vaccin. Pourtant, autour de lui, personne ne le sait. Il explique ne pas avoir eu l’occasion d’en parler à quiconque.

Le jeune homme a emménagé à Montréal tout juste avant la session d’automne 2021. Il envisageait alors de créer de nouvelles amitiés avec ses collègues de classe.

L’imposition du passeport vaccinal par le gouvernement de François Legault, au début du mois de septembre 2021, a toutefois coupé court à ses plans.

Après les cours, Arthur se voyait contraint de refuser les invitations à aller prendre un verre ou une bouchée avec ses collègues. Les évènements organisés par son association étudiante lui étaient aussi inaccessibles puisque ceux-ci se déroulaient dans des lieux exigeant une preuve vaccinale. Après une demie année en retrait de la vie extrascolaire, il trouve que « ça commence à être difficile ».

Un retour à la socialisation

La levée du passeport vaccinal d’ici le 14 mars, annoncée par le gouvernement Legault, laisse toutefois place à de nouvelles opportunités de socialisation pour Sofia, Jérôme, Arthur et tous ceux et celles qui n’ont pu prendre part aux soirées festives des associations étudiantes. Selon eux, l’ambiance décontractée de ces évènements se prête mieux à la rencontre de nouvelles personnes que le climat d’une classe.

Questionnée sur ses impressions de la levée du passeport vaccinale, Sofia répond : « Je vais me sentir plus intégrée à ma cohorte, je vais peut-être pouvoir me faire plus d’amis. »

Des malaises en classe

Sofia, Jérôme et Arthur ont tous les trois indiqué avoir été dérangés par certains propos tenus par des membres du corps professoral. Ils et elle ont rapporté au Montréal Campus des moments où leurs enseignants et leurs enseignantes ont partagé leurs avis sur les personnes non-vaccinées, alors que cela n’était pas relié à la matière de leurs cours respectifs. « Les cours ne sont pas à propos de la vaccination, les opinions des profs sont un peu inadéquates », indique Sofia.

Arthur raconte qu’il n’était plus capable de se concentrer quand le sujet a été abordé en classe. « Je me demandais même si je ne quittais pas le cours parce que je n’étais pas à l’aise avec le professeur », affirme-t-il.

L’abandon du passeport vaccinal donne certes un nouveau souffle à la vie sociale des étudiants et étudiantes non-vacciné(e)s, mais il reste à voir si les malaises perdureront.

*Prénoms fictifs pour préserver l’anonymat

Mention photo Manon Touffet | Montréal Campus

Commentaires

Une réponse à “Un soulagement pour les personnes étudiantes non-vaccinées”

  1. Avatar de Simon Thibeault
    Simon Thibeault

    Les malaises vont perdurer. Les personnes non vaccinées demeureront des vecteurs de contamination après le 14 mars. Et la réaction des personnes vaccinées, la présence des personnes à risque dans les classes et à la cafétéria vont demeurer. Y aura-t-il des zones sécuritaires pour ces dernières ? Le besoin de socialiser va-t-il prendre le dessus sur les nécessités sanitaires ? L’équilibre sera-t-il maintenu ? Quelle sera la réaction de l’université en cas de nouveaux nids de contamination ? Les malaises vont demeurer, car la peur d’être contaminée et malade ne va pas disparaître.

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