Une nouvelle vie pour la revue littéraire Grands espaces

Depuis vingt-cinq ans, Main blanche propose des poèmes, des textes de fiction et des essais rédigés par des auteurs et des autrices francophones. Après l’édition hors-série Vacarme, qui soutenait le mouvement #MoiAussi, la revue s’adapte et se rebaptise Grands espaces afin de mieux répondre aux préoccupations de la communauté uqamienne.

La prochaine parution du périodique sera la première à prendre le nom « Grands espaces ». Tirée à 300 exemplaires, elle sera accessible gratuitement sur le campus de l’UQAM et en librairie. « Ça n’était pas très inclusif. On s’est dit, “pourquoi ne pas profiter de l’anniversaire pour changer le nom?” » confie, l’une des co-rédactrices de l’équipe actuelle, Marjorie Benny.

L’une de ses prédécesseures, la poétesse Laurence Gagné garde un beau souvenir de son parcours au sein de l’équipe de Main blanche, en 2016. L’autrice du recueil Les jardins de linge, paru l’an dernier aux éditions Le lézard amoureux, avait intégré l’équipe de la revue après une soirée de lecture de poésie autour d’une bière.

C’est d’ailleurs grâce à la publication qu’elle a rencontré sa meilleure amie, Clara Lamy, désormais écrivaine chez les Éditions du remue-ménage. « J’ai eu un coup de foudre pour elle en entrevue. Je crois que nous avons toutes les deux beaucoup grandi à travers cette collaboration », se souvient Laurence Gagné.

Un laboratoire de création

Composée exclusivement d’étudiants et d’étudiantes en littérature à l’UQAM, l’équipe ー qui est renouvelée chaque année, ー a su conserver l’essence collaborative de la revue. « On est tous co-éditeurs et co-éditrices et puis, il y a une équipe de révision. Ça ne fonctionne pas vraiment avec une hiérarchie. C’est vraiment sur un pied d’égalité, un peu à la bonne franquette », explique Marjorie Benny, co-éditrice du périodique.

Deux fois par an, des appels de textes sont lancés pour garnir les numéros automnal et estival. Néanmoins, la publication reste ouverte à d’autres suggestions artistiques, littéraires ou visuelles. « Le prochain numéro qui va paraître, ce sont presque juste des poèmes. On a moins de récits. On n’a presque jamais d’essais qui sont soumis parce qu’on a une revue de création qui est un peu moins critique que d’autres [revues] qui font juste ça », ajoute Marjorie Benny.

Cependant, l’hiver dernier, l’équipe de Main blanche a décidé de s’allier au mouvement #MoiAussi en produisant l’édition hors-série Vacarme. À travers neuf écrits, le volume donne la parole à des personnes s’identifiant comme femmes afin que leurs voix soient entendues. Ainsi, la ligne éditoriale de la publication s’adapte à la communauté étudiante et à ses préoccupations pour mieux la représenter à travers la création. « Pour nous, c’était très important de prendre position là-dessus. On veut la maintenir », précise l’étudiante en littérature Marjorie Benny.

Une revue ancrée dans son époque

Laurence Gagné se souvient des longues heures d’élaboration des numéros et des déplacements liés à leur distribution. « [Avec Clara Lamy], nous marchions souvent ensemble pour aller porter des exemplaires un peu partout dans la ville. C’était important pour nous que ces textes-là prennent l’air, vivent hors de l’université », dit-elle.

À l’avenir, l’équipe de la revue souhaite investir davantage dans le numérique afin de réduire les frais d’impression. En effet, le périodique compte en moyenne 10 textes et environ 70 pages. Malgré l’implication majeure qu’une pareille production exige de ses cinq membres, Marjorie Benny y perçoit un certain prestige tant la publication est reconnue. Elle admet également avoir gagné en expérience lorsqu’il s’agissait de faire des demandes de subventions ou encore de négocier avec l’imprimerie.

« Et puis c’est tellement beau de voir les gens qui partagent des textes qui sont parfois quand même très sensibles, très intimes. Ils nous font confiance comme ça pour qu’on les lise, pour qu’on travaille avec eux », conclut-elle.

Mention photo Édouard Desroches | Montréal Campus

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