Un tour du chapeau pour la diversité sexuelle

Les athlètes issu(e)s de la communauté LGBTQ2+ sont sous-représenté(e)s sur la scène sportive québécoise. En s’affichant, certain(e)s sont devenu(e)s des modèles  et le nombre de celles et ceux qui emboîtent le pas ne cesse de croître  déconstruisant peu à peu les tabous entourant la diversité sexuelle et de genre dans le sport.

L’ex-entraîneur du Rouge et Or de l’Université de Laval en volleyball masculin et désormais directeur aux opérations pour le même club, Pascal Clément, est sorti du placard à l’âge de 35 ans. Il a vécu sa vie d’athlète et une partie de sa carrière d’entraîneur sans que son entourage ne connaisse son orientation sexuelle.

« La peur que tu as quand tu es athlète, c’est celle d’être rejeté par tes pairs, de te ramasser sur le banc. Comme entraîneur, [j’avais peur de perdre] mon statut professionnel, la reconnaissance et la capacité de recruter des athlètes », partage-t-il.

Quand il a enfin pris la décision de dévoiler son homosexualité, les retombées ont été positives. « Ça n’a pas eu un impact négatif. C’est une chance et je suis très reconnaissant parce que mes athlètes ont été extraordinaires [et] très respectueux », affirme-t-il.

En 2019, Pascal Clément a, pour l’unique fois de sa carrière, partagé le terrain avec un jeune joueur de volleyball ouvertement gai au sein de l’équipe du Rouge et Or. Ce partage l’a grandement ému. Pour lui, « c’est la preuve qu’on a avancé quand même un peu. »

Déjouer les craintes

Valentina Gauthier-Cagna, joueuse de volleyball pour les Astrelles du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue, a pour sa part effectué une transition de genre il y a un peu plus d’un an. Elle explique que le changement de l’équipe masculine à féminine s’est déroulé sans embûches.

L’athlète avoue avoir toujours senti du soutien de la part de son entourage et de son équipe malgré certaines craintes qu’elle cultivait. « On est quand même une belle génération, ouverte à parler [de sujets tabous] et à [les] briser. Quand j’ai vécu ma transition, je n’ai pas eu de commentaires négatifs. Je n’ai [eu] aucun coach qui s’est trompé de pronom ou de prénom, même s’ils me connaissaient avant [ma transition] », reconnaît-t-elle.

Reconnaissante du respect dont ses proches ont fait preuve, la joueuse a conscience que sa situation pourrait être moins bien accueillie ailleurs. « La seule chose que j’appréhende, c’est d’affronter d’autres équipes féminines. C’est là que je sens qu’il va peut-être y avoir un peu de jugement par rapport à ma situation », souligne Valentina.

Statistiques encourageantes

En juin dernier, Carl Nassib a été le premier  et le seul  athlète de la Ligue nationale de football (NFL) à sortir du placard pendant sa carrière. Sa vidéo a fait le tour du monde et a ébranlé le monde du sport.

Parallèlement, les Jeux olympiques de Tokyo 2021 ont accueilli cet été près de 200 athlètes queer. C’est une avancée considérable en comparaison à ceux de Londres en 2012, où à peine une vingtaine d’olympien(ne)s étaient ouvertement queer.

Roger G. LeBlanc, sociologue du sport et professeur à l’Université de Moncton, explique que les communautés LGBTQ2+ ont toujours été présentes dans le monde du sport. Cependant, l’ouverture grandissante de la société face à la diversité sexuelle permet à de plus en plus de ces athlètes de lever le voile sur leurs différences. « Rares sont les personnes qui perçoivent leur opinion comme étant différente des autres et qui vont se lever pour la rendre visible. Ça prend énormément de courage », atteste-t-il.

La nécessité d’actions concrètes

Aux vues de son expérience personnelle, M. Clément trouve que le public gagnerait autant que les équipes sportives à être sensibilisé à la diversité sexuelle. « Le seul épisode que j’ai eu, c’était auprès de spectateurs […] qui m’ont crié des injures homophobes. Ça m’avait vraiment bouleversé. C’est la première fois depuis mon enfance que j’étais la cible d’aggressions homophobes. Ça m’a jeté à terre, il a fallu que je consulte », confie-t-il.

L’entraîneur déplore qu’aucun geste n’ait été posé pour encadrer et limiter de tels agissements à la suite de la partie de volleyball durant laquelle cet événement s’est produit, en 2018. Il espère que les institutions sportives vont multiplier les initiatives en ce sens. Par exemple, en diffusant des messages qui prônent le respect au début de chaque match et en bannissant les coupables de gestes homophobes.

« Le monde du sport est une aventure éducative avant tout, dans laquelle on apprend à être humain » – Pascal Clément, directeur aux opérations du Rouge et Or

Normaliser les différences

Selon Roger G. Leblanc, la diversité sexuelle mérite d’être normalisée. Il espère qu’à l’avenir, d’autres joueurs ou joueuses de hockey puissent se tenir la main sans avoir à répondre à des questions sur leur identité sexuelle et de genre.

Pascal Clément encourage les athlètes qu’il côtoie à choisir leur épanouissement plutôt que leurs peurs. « Le sport, pour la durée durant laquelle un jeune le pratique, est une période extrêmement charnière dans sa vie […]. C’est d’autant plus important que le monde du sport soit sensible et que […] l’inclusion de la différence et le respect fassent partie intégrante de nos efforts », lance-t-il.

Mention photo Manon Touffet | Montréal Campus

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