Une aide psychologique critiquée

La crise sanitaire a contribué à une hausse marquée des problèmes d’anxiété et de dépression au sein de la population étudiante. Face à une détresse psychologique accrue, les ressources d’aides offertes par l’UQAM sont critiquées par certain(e)s étudiants et étudiantes.

Selon les données préliminaires de l’année 2020 fournies par l’agent de recherche et de planification aux Services-conseils de l’UQAM Simon Forget les nouvelles demandes de soutien psychologique comptabilisées du 1er mai au 4 septembre 2020 ont augmenté de 36%, en comparaison avec la même période en 2019.

Malgré cette hausse marquée de l’achalandage, les délais d’attente demeurent dans les standards du service : « En période de pointe, [ils] se situent entre 2 et 3 semaines environ. Dès le 13 mars 2020, les professionnel(le)s des Services-conseils se sont mis à pied d’oeuvre afin d’offrir des consultations en soutien psychologique, 100% en télépratique, par téléphone ou en vidéoconférence privée », explique M. Forget.

L’une des utilisatrices du service, Marie-Soleil Brault, estime qu’« en temps de pandémie, ce n’est clairement pas un service qui répond à la demande ». L’étudiante à l’UQAM a fait une demande d’aide psychologique au début de la session d’automne 2020 : elle a pu obtenir une première consultation après quelques jours, et ne se dit pas incommodée du cadre virtuel des rencontres. 

Elle critique plutôt la nature temporaire de l’aide offerte par le service puisque trois rendez-vous non-tarifés sont garantis seulement. Pour l’étudiante, les trois consultations auxquelles elle a droit lui apparaissent comme un « support psychologique » permettant de se sentir écoutée et comprise, mais elle ne croit pas que cette démarche soit suffisante afin de l’aider concrètement à favoriser son bien-être.

Forget explique qu’« en raison des limites des ressources [du service de soutien psychologique] le cadre de service ponctuel ne permet donc pas d’offrir un suivi équivalent à la psychothérapie à moyen ou long terme, comme cela se pratique chez les psychologues en cabinet privé. »

Solitude des universitaires

Depuis la mise en place des mesures sanitaires, un nombre record de jeunes adultes, soit 36% des 18 à 24 ans, « affichent des symptômes compatibles avec un trouble anxieux ou un trouble de dépression majeure », affirme la chercheuse en santé communautaire et directrice de la santé publique de l’Estrie, Mélissa Généreux. 

Pour Jean-Rémy Provost, le directeur général de Revivre, un organisme à but non lucratif qui vient en aide aux personnes vivant avec un trouble anxieux, dépressif ou bipolaire, les jeunes adultes seraient les plus affectés par la dépression et l’anxiété en raison des cours en ligne et de la diminution de la vie sociale sur les campus des universités québécoises. « L’un des facteurs de protection les plus importants [face aux problèmes de santé mentale] est la socialisation », mentionne-t-il. 

« On se rend compte, jusqu’à maintenant, que le nombre d’étudiants qui ont demandé du soutien psychologique est moins grand à l’Université de Sherbrooke. Une des raisons, c’est qu’il y a 60% des cours qui sont en présentiel. La vie sociale y a continué », fait-il remarquer.

Briser l’isolement 

En plus des trois rencontres avec un ou une psychologue du Service de soutien psychologique, les étudiants et étudiantes peuvent être dirigé(e)s vers des ressources alternatives. M. Forget propose que la communauté étudiante participe aux cafés-rencontres virtuels, durant lesquels des étudiant(e)s et deux professionnel(e)s du soutien psychologique se réunissent afin de briser l’isolement et partager des outils afin de mieux traverser cette période de crise. 

Le projet Résilience constitue un autre outil offert par l’UQAM, auquel 204 étudiants et étudiantes se sont inscrit(e)s en date d’octobre 2020, affirme M. Forget. Il s’agit de six capsules vidéo dans lesquelles la psychologue Pascale Brillon présente des exercices et des pistes de réflexions afin de mieux s’adapter aux chamboulements entraînés par la crise sanitaire.

Le projet met également de l’avant des témoignages d’étudiants et d’étudiantes, afin que ceux et celles qui souffrent de problèmes de santé mentale se sentent moins seul(e)s. Le but ultime de cette initiative est de contribuer à augmenter la résilience collective de la communauté étudiante de l’UQAM. 

Malgré les efforts de l’université en matière de soutien psychologique, Marie-Soleil Brault croit que l’UQAM devrait en faire plus pour venir en aide aux étudiants et aux étudiantes en détresse psychologique. Par exemple, elle suggère la mise en place d’une ligne d’écoute confidentielle et gratuite, offerte par les étudiants et étudiantes en psychologie de l’UQAM.

Mention illustration Lila Maitre

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