Disponible en ligne jusqu’au 31 octobre au Festival du nouveau cinéma, la comédie romantique d’Olivier Babinet, Poissonsexe, s’inscrit dans l’air du temps des changements climatiques et des réseaux sociaux, un temps où la faune aquatique et l’amour sont au bord l’extinction.
Miranda, la dernière baleine du monde, fait la une des médias alors que sa trajectoire inquiète les spécialistes. Adam et Ève, les deux derniers poissons-zèbres, doivent s’accoupler pour la pérennité de l’espèce. Dans la folie d’Olivier Babinet, 80% des animaux ont disparu de la surface de la Terre. L’humanité, obnubilée par son nombril, fonce vers une catastrophe environnementale, voire sociale.
Daniel (Gustave Kervern), un scientifique peu extraverti, cherche à sauver la biodiversité et sa parentalité, une quête ardue dans un monde noyé dans l’indifférence. Entouré de ses collègues cyniques, il rêve d’amour et de poisson. La performance de l’acteur rend grâce au récit franco-belge futuriste qui semble plus près que jamais de la réalité.
La poésie fantaisiste du réalisateur baigne le public dans un rêve engagé malgré les quelques absurdités du scénario.
Les secrets de la sexualité
Rapidement, les biologistes découvrent que la libido des poissons-zèbres ne se trafique pas. En dépit de leurs recherches, leurs examens et leurs expériences, le destin des animaux aquatiques leur échappe. La peur de voir périr tout un écosystème est palpable.
Pour sa part, le protagoniste se résigne à profiter d’un site de rencontres pour espérer trouver la perle rare. Son désir de devenir père l’habite profondément. Malheureusement, le dénouement est le même que pour les poissons : l’amour ne se force pas. La naïveté de Daniel fait volte-face à une époque où le numérique est l’outil de prédilection des relations amoureuses.
Sans être une comédie hilarante, Poissonsexe est la recette idéale pour décrocher un sourire à l’auditoire. À l’écran, Daniel et Lucie (India Hair) forment un duo insolite, mais facile à cerner. Dans un élan de complicité, les deux acteurs principaux charment par leur bonté et leurs maladresses.
Un décor enchanteur
L’œuvre d’Olivier Babinet fuit les décors urbains. L’intrigue se déroule sur les côtes françaises, un cadre magique pour mettre en scène les personnages. Devant un littoral dévasté par les déchets de plastique, l’histoire met en valeur les paysages stupéfiants de la région normande en France.
Le bord de mer offre une vue imprenable sur les enjeux de la dégradation des milieux marins. Le ton du long-métrage n’est pas réprobateur, mais il suggère une sérieuse remise en question de l’activité humaine. Certes, le décalage temporel entre en contradiction avec les images de pollution qui n’ont rien de surréaliste. Le bleu de l’océan est bel et bien déjà intoxiqué par le plastique.
Dans une valse maladroite, le public est entraîné vers les conséquences d’un monde qu’il est à même de détruire. Grâce à cette comédie légère, l’amour des poissons triomphera peut-être.
Crédit photo © Magali Bragard
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