Le boys club, ce cancre sociétal

De la politique à l’art, la masculinité toxique est toujours de la partie, mais même si nous la remarquons, la comprenons nous vraiment? L’autrice Martine Delvaux fait bien plus que constater sa présence, elle l’expose au grand jour dans son essai paru hier aux Éditions du remue-ménage, Le boys club.  

Que ce soit dans les clubs privés d’Angleterre, la politique Américaine ou les fraternités universitaires, personne n’est à l’abri de la structure du boys club. Ces groupes d’hommes où les femmes ne sont permises qu’à titre décoratif ont toujours été présents, mais les remarquons-nous vraiment?

L’ouvrage de la professeure en littérature à l’UQAM et féministe, Martine Delvaux, laisse une impression unique aux lectrices et aux lecteurs. La personne qui commence ce livre aura tendance à s’imaginer un long essai traitant de recherches académiques aux noms complexes et à une analyse demandant des années d’étude. Nous serions aussi porté à croire que ce livre tentera l’impossible en offrant une solution aux problèmes de la masculinité toxique. Ces deux préconceptions sont fausses. Selon Delvaux, il s’agit « avant tout d’un outil de diagnostic » de l’ampleur du problème du boys club.

Le phénomène relaté à travers ces 230 pages est celui des groupes d’hommes, souvent blancs et hétérosexuels, qui s’associent et monopolisent le pouvoir, le plus souvent aux grand détriment des femmes. Selon l’autrice, ils sont « tentaculaires, partout, et tellement envahissants qu’on ne les voit pas ». 

Martine Delvaux voit un lien clair entre ces groupes et la masculinité toxique.  « Le fait que des hommes se tiennent ensemble et s’arrogent le pouvoir permet la masculinité toxique », mentionne-t-elle. Pour illustrer son point, elle explique comment, dans toutes les sphères de la société, le boys club s’est implanté, que ce soit en politique, en éducation ou en l’art. Ainsi, le lecteur tombe nez-à-nez avec une « maladie sociale » infectant chacune de nos interactions. En dénonçant cette maladie, Delvaux tire la sonnette d’alarme. « Ce n’est pas suffisant de dire aux femmes de prendre leurs places, il faut que la structure change. »

 « J’invente rien ! »

La professeure explique à quel point le boys club peut paraître effrayant. « J’invente rien, tout est là », dit-elle, en expliquant comment elle s’est inspirée d’évènements réels. Elle explique aussi comment son intention n’était pas d’offrir « une solution magique » à ce phénomène qu’est la masculinité toxique, mais bien de mesurer l’ampleur de celui-ci.

Elle relate aussi comment le problème est large et que son texte n’en offre qu’un aperçu : « Ce n’est pas juste un livre qu’il faut écrire, c’est une encyclopédie ». Pour finir sa description, elle raconte comment elle « veut convaincre les gens de l’importance de dénoncer cette structure-là ».

Aucune œuvre n’est parfaite et Le boys club ne fait malheureusement pas exception. L’introduction est longue et l’autrice tarde à entrer dans le vif du sujet, rendant le début de la lecture un peu lassante. Le fait que beaucoup d’éléments de culture générale soient cités peut parfois réduire l’impact des exemples si ceux ci ne sont pas connu par les lecteurs et lectrices.. 

Le boys club est définitivement un livre qui vaut la peine d’être lu. Il s’agit d’une oeuvre présentant des situations qui doivent être mieux comprises, combattues et dénoncées. Il s’agit d’un texte qui peut parfois rendre inconfortable à cause de la réalité qu’il expose. Plusieurs des éléments présentés dans cette oeuvre sont issus de la culture populaire. Ainsi, le lecteur pourra reconnaître des films tels que le film américain American Psycho, des séries comme l’Apprentie et des textes de l’écrivaine britannique Virginia Woolf. 

Lorsque les exemples présentés sont plus accessibles aux lecteurs et lectrices, elles ont plus de chance d’avoir un certain impact. Il faut aussi noter que ces sources familières n’enlèvent rien au texte. L’écrivaine ne voulait en aucun cas « descendre le niveau », mais « descendre de la tour d’ivoire des experts se parlant seulement entre eux ».

Les meilleurs exemples ne sont pas fictifs, mais réel. Delvaux discute ainsi de comment la toxicité des boys clubs peut devenir étouffante. La fin du livre, qui couvre le phénomène du viol collectif, est un passage particulièrement dur à lire, mais nécessaire; ce n’est pas parce que ces scènes sont éprouvantes à lire que nous devrions oublier leur importance.

« Je ne voulais pas écrire un livre qui dit que “les hommes sont comme si”, avoue Martine Delvaux. Je crois que les hommes savent quand ils dérapent. »

photos: FÉLIX LEBEL MONTRÉAL CAMPUS

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