Adopter le nom usuel

L’ombudsman de l’UQAM demande à ce que l’Université s’adapte pour répondre davantage aux besoins des personnes trans en changeant leur nom usuel dans le système informatique de l’Université pour l’utiliser sur des documents non officiels.

Dans son dernier rapport, présenté au Conseil d’administration de l’UQAM le 10 février dernier, l’ombudsman de l’institution, Murielle Binette, recommande notamment que la maison d’enseignement « procède aux ajustements informatiques nécessaires afin de permettre l’utilisation d’un nom usuel dans tous les cas où il est légalement possible de le faire ».

Éden Landry, une personne non binaire étudiant à l’UQAM a fait part au Montréal Campus d’expériences auxquelles iel* a fait face concernant cette non-utilisation de son nom usuel à l’Université. « C’est difficile pour moi de me faire appeler par mon nom d’usage à l’UQAM parce que celle-ci refuse — puisque ce n’est pas le nom qui est inscrit au Ministère — de changer mon nom sur ma carte étudiante, sur les listes étudiantes et sur plusieurs autres documents, dit iel. Pour moi, ça crée une violence quand je vais dans un cours et que le professeur refuse de m’appeler par mon nom d’usage. Je dois constamment expliquer la situation et envoyer des courriels à chaque début de session en espérant que les professeurs acceptent. »

Toujours selon Éden Landry, l’Université fait preuve d’un manque de volonté face à ce dossier. « L’UQAM a décidé qu’il fallait absolument que le nom qui apparaît partout soit le même que le nom légal. Je suis allé à l’UQAM et j’ai entrepris des démarches, précise-t-iel. Pour la mention de sexe, ça marche, mais pour le nom, pas du tout. C’est une mauvaise logique. »

Des négociations qui perdurent

En entrevue avec le Montréal Campus, la responsable à la coordination de La Réclame, un groupe LGBTQ de l’UQAM, Sophie Charron, révèle que son association est en négociations avec l’administration de l’UQAM concernant cette situation depuis maintenant 2 ans. « Nous voulons une façon de faire ce changement sans avoir à faire le changement légal parce que ce n’est pas tout le monde qui a accès à ce dernier. Il faut être citoyen canadien pour y procéder, ce qui empêche les étudiants étrangers de compléter quelconque démarche de changement de nom, révèle-t-elle. Les procédures pour ceux qui y ont accès sont coûteuses et prennent beaucoup de temps. »

La Réclame s’est également engagée dans des négociations avec les Services à la vie étudiante. « Nous avons rencontré la directrice [des SVE] pour faire la demande de la création d’un prénom usuel qui serait séparé du prénom qui est inscrit au dossier du ministère, ainsi qu’une mesure de genre alternatif, poursuit Mme Charron. Il y aurait quelques possibilités qui permettraient à l’UQAM de le faire, que ce soit un code permanent différent de celui du ministère ou simplement un changement dans le système informatique pour qu’il y ait une formule d’appel et de genre préféré pour que les communications soient faites correctement avec les étudiants. » Or, depuis trois mois, les discussions entre l’UQAM et la Réclame sont au point mort, indique Mme Charron.

« L’UQAM a enclenché les démarches pour permettre le changement du prénom usuel des étudiants dans ses systèmes, un processus qui, à ce jour, rencontrait des difficultés sur les plans techniques et informatiques, a réagi la porte-parole de l’UQAM, Jenny Desrochers, dans un échange de courriels. Il y a une volonté institutionnelle de répondre et d’encadrer les demandes en ce sens. 

Sophie Charron croit également en cette volonté de l’UQAM de prendre les mesures nécessaires pour remédier à ce problème. « Le problème semble plus être lié aux limites du système informatique, juge-t-elle. Évidemment, plus il y a de volonté, plus c’est facile de passer à travers les difficultés techniques. »

 

Iel» est un pronom non genré utilisé notamment pour faire référence à une personne non-binaire.
Photo: MARTIN OUELLET MONTRÉAL CAMPUS

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