Le mixage dans le sang

À 19 ans, Jamvvis nom de scène inspiré de son vrai nom Jamal Davis saffranchit du statut unique de beatmaker en mettant de lavant son rôle de producteur de musique « soul, rebel trap et hip-hop ». Rencontré au cœur du quartier Sainte-Marie à Montréal dans l’appartement d’un ami, il dévoile son univers authentique au Montréal Campus.

« Je considère que je suis un artiste, mais je veux dabord être connu comme étant un producteur de musique », souligne Jamvvis. Être un producteur de musique n’est pas synonyme d’être un beatmaker et ce dernier ne veut pas nécessairement inclure la dimension artistique du métier, avance-t-il.

Selon lui, un producteur crée de la musique en réfléchissant à sa structure, en ajoutant des éléments sonores, en la remettant en question et en faisant participer les acteurs concernés à sa mise en scène, ce qui le distingue d’un beatmaker. « Un beatmaker fabrique un son [une trame, un instrumental]. Mais ça reste encore une zone grise », avoue Charles Cozy, son gérant depuis un an.

« Je crois que la définition reste subjective », ajoute Jamvvis. Un producteur de musique est à son avis un titre plus inclusif. Souvent, celui qui agit comme chef d’orchestre —à la Dr. Dre, Pharrell Williams, Swizz Beatz, Timbaland et Tyler The Creator, entre autres — fait aussi du beatmaking, grâce aux sons qu’il crée ou trouve sur la toile.

Sur les traces de Jamvvis

Né en Grande-Bretagne d’une mère anglaise et d’un père jamaïcain, Jamvvis, qui a grandi dans le quartier Chomedey, a littéralement la ville de Laval tatouée sur sa cheville. Jamal Davis, le plus jeune de quatre frères et de deux sœurs, a déménagé à Montréal il y a un peu plus d’un an.

Son aventure musicale commence lorsqu’il découvre le logiciel de création de musique électronique FL Studio et expérimente avec cet outil. Inspiré par le disque-jockey J Dilla, les groupes Wu-Tang-Clan et A Tribe Called Quest, mais aussi par le jazz japonais et la musique classique, Jamvvis apprend à faire de l’échantillonnage, soit l’intégration de segments tirés de pièces déjà existantes dans une nouvelle œuvre, dès le début de son adolescence.

« Jam et moi allions au magasin de disques et nous achetions des vinyles de 50 ¢ à 1,50 $. Cétaient les pires, mais des fois nous tombions sur des sons intéressants que nous enregistrions sur la table tournante de ma grand-mère », explique son ami de longue date, un designer multimédia, Kyle Turner.

Dès leur rencontre dans leur classe de français, lors de leur quatrième année à l’école secondaire, les deux acolytes créaient des rythmes, souvent après leur séance de planche à roulettes.

« Aujourdhui, les jeunes peuvent télécharger des logiciels gratuitement et commencer à créer des beats dans leur chambre ou dans leur sous-sol, dès lâge de 12 ans. Il ny a plus de limites », souligne Charles Cozy, DJ de 27 ans. « Il ny a plus de barrières qui empêchent les gens dentrer [dans cet univers musical] », ajoute Kyle Turner, 19 ans.

Malgré le stéréotype d’une ville terne, il y avait chez la jeunesse lavalloise une dynamique stimulante, selon Jamvvis et Kyle Turner. « À notre arrivée, les personnes âgées étaient partout, mais la jeunesse locale a rapidement pris la ville dassaut », affirment-ils.

Conscient de toutes les possibilités que lui offre son travail d’artiste, il s’inspire de ce qui l’entoure, de ce qu’il voit, entend, sent et touche. « Je crée de la musique qui raconte une histoire », dit Jamvvis. Il crée des morceaux envoûtants ayant leurs propres fréquences d’énergies comme ses morceaux Heal, A jazz thing et Pluk’n en collaboration avec son ami Jei Bandit.

« Un voyage émotionnel »

Au moment d’écrire ces lignes, Jamvvis compte plus de 13 800 abonnés sur Soundcloud, la plateforme principale par laquelle il partage présentement sa musique. Il a récemment ouvert un compte Spotify pour faire découvrir sa musique à encore plus d’auditeurs. « Jai commencé à participer à la scène artistique montréalaise à 17 ans. Le problème [actuel] est que les gens se précipitent. Plus tu es présent, plus ton nom se fait entendre et plus tu tapprocheras de ton objectif », estime Jamvvis.

Actif sur les réseaux sociaux, l’artiste utilise le Web comme moyen de diffusion, mais ne délaisse pas pour autant la scène. Il reste près de ses admirateurs et continue de conquérir de nouveaux publics. Son dernier spectacle était le 4 février dernier à la Société des Arts technologiques dans le cadre des huit samedis du Dômesicle hivernal qui se sont tenus du 7 janvier au 25 février.

En plus de faire des prestations au Québec, Jamvvis s’est produit à Chicago en janvier dernier ainsi qu’à New York et à Los Angeles quelques mois avant. Par l’entremise d’Internet et de ses amis et collègues, il réussit à communiquer sa musique et son mode de vie à un public encore plus large et internationalement diversifié.

Jamvvis travaille activement sur un EP, depuis septembre 2016. « Je veux prendre mon temps pour quil soit prêt non seulement pour les auditeurs, mais aussi pour moi », avoue-t-il. Pour ce qui est des spectacles d’envergure, Charles Cozy a commencé à présenter la candidature de Jamvvis aux différents festivals de Montréal. « Ma musique est un voyage et le fait que les gens lapprécient et qu’ils sy rattachent est le but ultime », conclut-il.
Photo: LUDOVIC THÉBERGE MONTRÉAL CAMPUS

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