Danser en huis clos

Des étudiants du Département de danse de l’UQAM craignent que la réputation de leur programme d’études soit ternie, alors que leurs productions finales peinent à être présentées dans des locaux adéquats.

Le Département de danse de l’UQAM s’est vu retirer en septembre dernier l’accès à sa piscine-théâtre, une salle de représentation réservée aux étudiants du programme, en plus de s’être vu priver d’une priorité d’utilisation garantie de l’autre salle utilisée pour les prestations publiques, le théâtre K-2340, située à même le pavillon de la rue Cherrier.

« En ce moment, le programme est en perte d’inscriptions, souligne Giverny Welsch, représentante au comité de programme des étudiants de deuxième année en danse. La perte de local de représentation pourrait faire perdre du prestige au programme. C’est un beau programme, intense, avec des professeurs impliqués. La salle du 2340 est nécessaire, elle a une valeur artistique et on craint de la voir détruite ou inaccessible. »

Les étudiants au baccalauréat en danse, inquiets d’être dépouillés de ces lieux, ont envoyé le 18 novembre dernier une lettre au vice-recteur à la vie académique de l’UQAM, René Côté. Au moment d’écrire ces lignes, cette missive restait lettre morte.

Avenir incertain

Le doyen de la Faculté des arts, Jean-Christian Pleau, a confirmé au Montréal Campus que la piscine-théâtre avait été « condamnée jusqu’à nouvel ordre, car elle n’est plus conforme aux normes de sécurité actuellement en vigueur ». Il a précisé en outre que seule une subvention gouvernementale pouvait permettre sa réfection, cette dernière option n’étant « pas garantie ».

Les espoirs de voir la piscine-théâtre remise à neuf semblent minces. « La piscine-théâtre est en train d’être démantelée », affirme Mme Welsch. L’avenir de l’espace théâtre du K-2340 demeure, lui aussi, incertain. Un groupe extérieur nommé L’Agora de la danse louait auparavant le local. Une entente entre ce groupe et le Département de danse assurait aux danseurs-étudiants l’utilisation de l’espace lors des représentations finales. Le local appartenant à l’UQAM n’est plus accordé de facto au Département de danse. M. Pleau précise qu’il fait « l’objet de réflexions et d’analyse de la part de la direction de l’UQAM ».

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L’impératif du spectacle

L’accès facile et régulier à une salle de représentation est crucial pour la formation des étudiants, peut-on lire dans la lettre cosignée par l’ensemble des étudiants du baccalauréat. Le programme exige que ces futurs interprètes, pédagogues et chorégraphes offrent des démonstrations publiques.

« On a des cours qui prévoient une production dans la description même du cours. Ce n’est pas un atelier, ce ne sont pas des répétitions et ça inclut une prestation devant public. Il faut de la musique, des micros, de l’éclairage et de la place pour le public », explique Sylvie Genest, directrice académique du programme de danse.

Outre le fait de présenter leur travail, les étudiants sont évalués sur leur utilisation de l’espace. « Il y a une différence entre le nombre de mètres carrés dont ont besoin un étudiant et un danseur. La perte des locaux nous contraint dans nos mouvements et dans le type de chorégraphie », explique Giverny Welsch.

Dans leur lettre, les étudiants spécifient à la direction que l’emplacement des locaux est également important. Leur horaire chargé serait difficilement conciliable avec des déplacements réguliers, des locaux éloignés augmentant le temps de transport entre ces différents espaces.

Rester compétitif

Les inscriptions en danse ont baissé de 31 % entre 2011 et 2015. Le baccalauréat de l’UQAM ferait concurrence de façon indirecte à d’autres formations, explique Sylvie Genest, notamment un programme de l’École de danse contemporaine de Montréal, plus axé sur l’interprétation, ainsi qu’une formation proposée à Concordia, qui met à l’avant-plan la création.

Afin de se démarquer, l’UQAM a récemment intégré un volet danse-technologie au cursus. « Une formation en danse de six crédits avec des équipements et des logiciels spécifiques dans un bac, ça ne se voit pas ailleurs », se réjouit Mme Genest.

Les étudiants pourront – à l’aide de capteurs placés sur leur peau – activer de la musique ou modifier de façon interactive l’environnement lumineux. D’autres logiciels serviront à modéliser les chorégraphies ou encore à des fins pédagogiques.

Le doyen de la Faculté des arts a stipulé être « soucieux de faire valoir les intérêts des étudiants dans les débats en cours ». Aucune réponse n’a encore été donnée à ceux-ci sur l’avenir des installations qui leur sont offertes. Un accord a toutefois été passé entre le Département et l’administration pour accommoder les étudiants qui présenteront leurs productions dans le théâtre du 2340 cette session, sans par ailleurs avoir obtenu de garantie sur le futur du local.

Photos: CATHERINE LEGAULT MONTRÉAL CAMPUS
La salle K-2340 dont l’avenir est incertain.

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