À leur retour de vacances, les étudiants de l’UQAM se sont butés à des portes closes au Bistro Sanguinet, un resto-bar situé au rez-de-chaussée du pavillon J.-A.-DeSève (DS) de l’Université. L’établissement a fermé boutique peu avant les Fêtes pour cause de loyer impayé.
« Le bail du Bistro Sanguinet a été résilié le 23 décembre 2016 pour la raison du loyer impayé », a précisé Jenny Desrochers, porte-parole de l’UQAM, dans un échange de courriels avec le Montréal Campus. Impossible toutefois d’obtenir plus de détails sur la somme que le bistro devait payer, car « des procédures judiciaires sont en cours », a également indiqué Mme Desrochers.
« Tout ce que je sais, c’est que je n’ai plus de job », a pour sa part déclaré une ex-employée du restaurant, sous le couvert de l’anonymat. Selon elle, les employés ignorent toujours les raisons exactes qui expliquent la fermeture impromptue de l’établissement. Ils sont toutefois au courant que le loyer serait à la source de leur licenciement.
Joint au téléphone par le Montréal Campus, Joseph André Levy, l’un des deux propriétaires du Bistro Sanguinet, s’est abstenu de tout commentaire concernant la fermeture de l’établissement.
Fermeture impromptue
La fermeture du bistro se serait déroulée assez rapidement puisque les employés n’ont pas été mis au courant à l’avance. Les serveuses et les employés du bar ont reçu un dernier chèque de paie avec indemnité de vacances peu avant les Fêtes qui comportait l’inscription « fermeture de commerce ».
« Dans le cas d’une fermeture de commerce qui comprend moins de dix salariés non syndiqués, il y a un délai écrit à donner à l’employé avant son licenciement. Une semaine si le salarié justifie moins d’un an de services, deux semaines si le salarié a travaillé d’un an à cinq ans », remarque la professeure en droit du travail à l’UQAM Laurence-Léa Fontaine, se fiant à l’article 82 de la loi sur les normes du travail. À l’heure actuelle, il n’est toujours pas clair si les employés du Bistro Sanguinet ont obtenu ce préavis à la suite de sa fermeture, mais selon les témoignages reçus, cela ne semble pas être le cas.
Mme Fontaine apporte toutefois une nuance, car le propriétaire d’un commerce possède également des droits. « Après tout, le chef d’entreprise a un droit de gérance, ça veut dire qu’il mène et gère son entreprise comme il l’entend ». Même si le préavis est idéal, elle rappelle la décision rendue en 2009 dans le cas de la fermeture, quelques années plus tôt, du Wal-Mart de Jonquière. La multinationale avait fermé sa succursale jonquiéroise sans avertir ses salariés, qui n’avaient pas réussi à obtenir de compensation en raison du droit de gérance du propriétaire.
Local vide
La fermeture rapide de l’établissement a surpris plusieurs étudiants. « Je suis choqué d’apprendre ça, je pensais qu’ils fermaient seulement pour l’hiver, a déclaré Julien Lancry, étudiant à l’École des sciences de la gestion. J’espère qu’ils vont trouver un remplaçant rapidement. » L’étudiant, qui fréquentait surtout l’établissement pour « prendre une bière après les cours », déplore le fait que les étudiants devront se trouver un nouvel endroit « bon et pas cher » à l’extérieur des murs de l’UQAM, surtout en cette saison hivernale.
« Le local du Bistro Sanguinet est présentement à louer. L’infrastructure permet l’installation d’un restaurant, d’un bar ou d’un bistro », rappelle Jenny Desrochers. L’UQAM est donc prête à l’installation d’un nouvel établissement dès qu’un restaurateur se manifestera.
La fermeture du bistro fait du Département Bar et Bouffe le seul établissement disposant d’un permis de bar sur le campus de l’Université. « Par ailleurs, un permis ponctuel peut être délivré par le service de traiteur Saltimbanques pour des activités selon certaines conditions, ajoute la porte-parole de l’UQAM. L’octroi de permis d’alcool fait l’objet d’un encadrement par le Service de la prévention et de la sécurité de l’UQAM. »
Le Bistro Sanguinet, ouvert depuis 1999, était un bar qui s’était formé avec les années une clientèle majoritairement universitaire. L’UQAM louait à cette entreprise privée ce local du pavillon DeSève.
Avec l’aide de Félix Deschênes
Photos: CATHERINE LEGAULT MONTRÉAL CAMPUS
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