À la recherche de soutien

L’actrice principale dans l’affaire de dévoilement de données scientifiques confidentielles, Marie-Ève Maillé, ignore toujours pourquoi l’UQAM a autant tardé à intervenir dans les procédures judiciaires auxquelles elle fait face.

La chercheuse uqamienne affirme avoir tenté plusieurs fois de faire valoir sa situation auprès de l’administration de l’Université, mais s’est toujours butée à des fins de non-recevoir. Selon elle, la maison d’enseignement a eu plusieurs occasions de prendre position dans cette cause. « Autant par les canaux plus formels qu’informels, nous avons tenté, moi et certaines de mes collègues professeures, ma directrice de recherche et monsieur Pierre Mongeau [le doyen de la Faculté de communication] de faire valoir qu’il y avait là une nécessité d’agir », a affirmé la doctorante lors d’un entretien avec le Montréal Campus, avant d’ajouter qu’elle « ne comprend toujours pas pourquoi ils n’ont pas allumé ».

Alors que la chercheuse s’attendait à des conseils de l’aide juridique de l’UQAM, ces derniers lui auraient proposé de se retirer de ce litige et d’abandonner son témoignage en tant qu’experte. Marie-Ève Maillé croit que toute cette affaire aurait pu être évitée. « Si en novembre 2015 j’avais pu avoir accès à un avocat, j’aurais probablement pu faire une déclaration sous serment indiquant ce qui était confidentiel et ce qui ne l’était pas », rétorque-t-elle avant de relancer: « si j’avais été représentée, ça aurait coûté beaucoup moins que ce que ça va coûter ».

Plan d’action de l’UQAM

Marie-Ève Maillé affirme que l’UQAM serait en train d’élaborer un plan d’action pour éviter que ce genre de situation ne se reproduise. « D’après ce que j’en sais, il y a des démarches en ce sens. Je ne sais pas quelle forme cela va prendre, déclare-t-elle. Ma crainte est que cela mène à ce qu’on ait l’obligation de demander à l’UQAM avant d’intervenir en cour. Ce serait, à mon avis, un sérieux problème », renchérit la chercheuse en faisant référence à l’importance de la liberté des scientifiques à pouvoir intervenir devant les tribunaux. Marie-Ève Maillé témoignait à titre d’experte dans une action collective entamée en 2014 contre l’entreprise compagnie Éoliennes de l’Érable.

De son côté, l’UQAM, qui a depuis mandaté un avocat pour protéger les données des recherches de Marie-Ève Maillé, affirme qu’elle « espère que ses démarches permettront de préserver la confidentialité des données de la recherche, un élément fondamental à la réalisation de la mission universitaire », sans toutefois dévoiler la nature de ces démarches.

« L’affaire Maillé »

La médiatisation de ce que plusieurs considèrent maintenant comme « l’affaire Maillé » a en quelque sorte forcé l’Université à intervenir dans ce dossier, avance la scientifique. « Je suis parfaitement consciente que la tempête médiatique qui a eu lieu en novembre dernier a présenté dans les journaux une image négative de l’UQAM, dont elle n’avait pas besoin, soutient-elle. L’UQAM a été appelée plusieurs fois à se réveiller. J’aurais aimé ça qu’il en ait été autrement. »

Elle affirme d’ailleurs que la couverture médiatique portait plus sur cet aspect que de la réelle problématique. « Le fin fond de cette affaire, ce n’est pas que l’UQAM n’intervienne pas. Le problème c’est que [la compagnie] Éolienne de l’Érable demande d’avoir accès à mes données. Malheureusement la tempête médiatique a beaucoup porté sur l’absence de collaboration de l’UQAM », déplore-t-elle. En janvier dernier, le juge Marc St-Pierre avait entériné la requête d’Éoliennes de l’Érable obtenir l’identité des sources consultées par Marie-Ève Maillé dans le cadre de son projet doctoral déposé en 2012.

 

Photo: AMÉLIE DRASSE MONTRÉAL CAMPUS

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