Aliocha : un premier pas en musique

Ray-Bans au bout du nez – qui trahissent la fatigue de son lancement la veille – et allure désinvolte qui évoque les lointains mods, le comédien Aliocha Schneider maîtrise en tout point le look pour faire le saut en musique. Pour son premier EP intitulé Sorry Eyes, le Franco-Canadien délaisse son patronyme et explore, dans un son résolument sixties, les aléas de l’amour, mais aussi du passage à l’âge adulte.

Son aventure avec la musique remonte à loin, même si le jeune homme soufflera seulement ses 23es bougies prochainement. Il commence à chanter à 10 ans, puis à composer à 15 ans et deux ans plus tard, une rencontre fortuite avec Jean Leloup le mènera à signer éventuellement avec la maison de disques Audiogram. « J’avais quelques dizaines de chansons en banque et je l’ai croisé dans un café. […] Je lui ai demandé des conseils. Il a été vraiment ouvert. Il m’a invité en studio le soir même puis j’ai joué quelques chansons. Il a dit à son band d’apprendre des parties. On a enregistré une ou deux chansons et il m’a dit de revenir le lendemain. Pendant un mois on a enregistré la maquette que j’ai donnée à Audiogram. »

Pendant cinq ans, l’auteur-compositeur-interprète fignole ses compositions, qu’il enregistre avec le réalisateur Samy Osta (Feu! Chatterton, La Femme) en Suède et à Paris. Au final, 16 pièces émergent : les six premières destinées au EP, paru le 2 septembre, et les dix autres pour un futur album qui sortira au début de l’année 2017.

À l’écoute de Sorry Eyes, impossible de ne pas déceler des relents de Bob Dylan, des Beatles, de Simon & Garfunkel et de Cat Stevens — les principales influences d’Aliocha — qui se reflètent dans ce mini-album pop-folk en anglais mêlant acoustique et arrangements plus élaborés. « Pour moi c’était important qu’il y ait un côté un peu plus épuré, juste guitare et voix, vraiment l’essence de la chanson. Mais je sais que je me tanne vite d’un album comme cela et j’avais envie d’explorer d’autres choses, des choses plus produites, un peu plus entraînantes, qui permettent aussi d’aller moins dans la douceur et d’exprimer autre chose », remarque-t-il.

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De comédien à musicien

Aliocha est l’un de ces rares au Québec qui conjuguent le jeu et la musique à un aussi bas âge. Alors que le phénomène est plutôt populaire chez nos voisins du Sud – notamment auprès des jeunes artistes de l’écurie Disney —, la situation est différente ici. « J’avoue que je ne m’identifie pas particulièrement à ces jeunes-là, comme Selena Gomez ou Drake. De l’extérieur, on dirait que c’est une machine, on se dit que puisque ces gens sont connus, on va aussi essayer d’en faire des chanteurs pour pouvoir se mettre plus d’argent dans les poches au final. Moi, ça n’a rien à voir là-dedans. Déjà qu’au Québec on n’a pas d’argent, se lancer en musique ce n’est clairement pas pour ça », soutient l’artiste.

Pour lui, la musique est avant tout une passion. « J’ai l’impression que ça fait partie de moi et ça n’a aucun lien avec mon métier de comédien. Comme comédien, on travaille 100 jours par année on se dit tiens c’est une bonne année. Ça laisse 265 jours où je peux faire de la musique », souligne-t-il.

Ce dernier n’entend toutefois pas délaisser pour autant le jeu. Celui qu’on a pu voir entre autres dans les films Ville-Marie, Les 4 soldats et Le journal d’Aurélie Laflamme et à la télévision dans Les jeunes loups, Les Parent et Tactik sera à l’affiche des séries Feux et Jérémie cet automne.

Pour la suite, Aliocha souhaite se donner du temps. « Je veux continuer à jouer, mais là il y a le premier album qui va arriver. C’est un moment particulier, il faut que je me concentre, je veux le faire à 200 % et je ne veux pas être à deux endroits différents. »

Photos: Catherine Legault

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