Menaces contre l’IREF

«Allez toutes vous faire shooter par Marc Lépine, salopes»: c’est ce qu’un utilisateur Facebook a écrit, le jeudi 7 avril, sur la page de la revue d’études féministes uqamienne FéminÉtudes.

Les responsables de la revue ont communiqué avec le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) l’après-midi suivant la réception du message haineux. «On s’est rencontrées d’urgence et on s’est demandé ce qu’on faisait avec ça. Quelle allait être notre réaction à ça. On a décidé de porter plainte», explique l’une des deux étudiantes membres du comité de rédaction rencontrées par le Montréal Campus, qui souhaitaient ne pas révéler leur identité par peur de recevoir des menaces personnelles.

«C’est surtout le fait que les propos antiféministes étaient très violents et qu’ils sortaient de nulle part, qu’ils n’étaient pas formulés en réponse à un statut, qui nous a poussées à nous rendre au poste de police», précise-t-elle. La menace de fusillade a fortement touché les membres du comité de rédaction. «On est étudiantes, donc la référence directe à Marc Lépine ne nous a pas laissées indifférentes non plus», ajoute la seconde étudiante impliquée au sein de FéminÉtudes.

Le SPVM n’a pas pu répondre à nos questions quant aux procédures en cours, puisque «les plaintes qui y sont déposées sont confidentielles». Les deux étudiantes qui s’occupent de FéminÉtudes confirment néanmoins qu’une enquête est bel et bien enclenchée. «Un enquêteur est actuellement à la recherche de l’individu, mais ça peut être long», déclarent-elles. En entrevue avec le Montréal Campus, la directrice du Bureau d’intervention en matière de harcèlement de l’UQAM s’est dite très préoccupée par cette histoire. «C’est pris très au sérieux par la police et très au sérieux par l’UQAM, explique Maude Rousseau. Déjà les services ont communiqué entre eux pour s’assurer qu’on donne tout le soutien nécessaire aux personnes qui sont concernées par ces messages-là.»

Les deux membres du comité de rédaction de la revue refusent de dévoiler le nom de l’utilisateur à l’origine des propos misogynes. Elles dénoncent cependant le fait qu’il avait partagé, sur son profil, d’autres éléments antiféministes très violents. «Il avait notamment créé une page Facebook où il célébrait et glorifiait Marc Lépine», confient-elles.

L’Institut de recherches et d’études féministes de l’UQAM (IREF), auquel la revue d’études féministes FéminÉtudes est rattachée, a pris au sérieux le message chargé de violence qu’elle a reçu. Tous les membres de son personnel enseignant peuvent désormais réclamer la présence d’un agent de sécurité dans leur classe. Professeurs et chargés de cours doivent d’ailleurs «signaler tout courriel, message téléphonique, commentaire des réseaux sociaux ou toute situation à caractère antiféministe visant des personnes de l’UQAM», tel qu’indique un courriel envoyé par l’institut à ses professeurs et dont le Montréal Campus a obtenu copie. Personne à l’IREF n’a d’ailleurs voulu accorder d’entrevue à ce sujet.

L’équipe derrière FéminÉtudes ne souhaite pas communiquer les sentiments qu’elle éprouve. «On veut prendre du recul, prendre le temps de réfléchir, ensemble, ce qu’on en retire en tant que groupe», justifie-t-elle. Sur la page Facebook de la revue, les étudiantes sont toutefois sans nuances : «ce que nous retirons de ces récents événements est que les revendications encouragées et les idées féministes diffusées par notre revue sont d’autant plus nécessaires, criantes et d’actualité. La lutte continue. Soyons solidaire», peut-on y lire.

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