On savait que cette soirée serait d’influence japonaise. Impossible par contre de se préparer au niveau d’inspiration rendu par Philippe Brach et sa bande au Théâtre Fairmount lors de leur prestation le 5 mars.
L’entrée de la salle met déjà la table pour la suite des évènements. L’artiste originaire de Chicoutimi confirme ici sa réputation de ne jamais faire les choses à moitié: lanternes japonaises suspendues au plafond, guirlandes de lumières ainsi qu’un spécial bière et saké au bar. L’espace se remplit tranquillement au rythme des murmures et des exclamations. Il faut dire qu’une aura de mystère plane autour de ce spectacle, laissant les adeptes spéculer durant des semaines. Ce soir est le grand soir.
À la stupéfaction générale, de courtes vidéos sont projetées sur la scène, avant même qu’une chanson soit entamée. Une série de billes accomplissant des trajets spectaculaires au travers d’obstacles surprenants apparaissent dans une première série de vidéos. L’entièreté de ces brèves capsules dure à peine quelques secondes et se termine par la même voix enfantine chantant «Pythagora Suichi!». Inutile de préciser ici que le petit air s’imprègne rapidement dans la mémoire, la foule accompagnant même joyeusement la chansonnette après l’avoir entendu quelques fois.
Une fois la ludique surprise projetée, la performance musicale débute. Portraits de famine lance le bal au grand plaisir de la foule avec un Brach en pleine forme, arborant autour du front un bandana aux couleurs du soleil levant. Pour sa dernière prestation avant sa tournée européenne, il est évident que l’artiste saguenéen ne tarissait pas d’imagination pour mettre en place une soirée mémorable.
Samuraï, saké et kimono
Outre les nombreux décors et vidéos, un élément musical inhabituel a permis au quatuor brachien de rendre un spectacle unique: un musicien invité jouant entre autres du shamisen, un instrument classique japonais à trois cordes, accompagnait le reste du groupe pour la plupart des morceaux. Toujours aux aguets pour surprendre la foule affamée, le guitariste et chanteur a même interrompu Le matin des raisons, l’instant de faire entendre cet air maintenant bien connu des spectateurs, «Pythagora Suichi!». Même si cela brise le rythme de la lourde pièce à la stupéfaction générale. Du grand Brach!
Il faut faire mention honorable aux extraits complètement fous d’un long métrage rempli de combats acrobatiques comportant sa juste part de sang (Lone Wolf & Cub 2) lors de l’entracte, au kimono centenaire porté par Brach en deuxième partie du spectacle et à la grande générosité du groupe. Presque l’entièreté de l’album Portraits de famine ainsi que plusieurs chansons de La foire et l’ordre ont été partagés avec la foule, notamment Race-Pape, C’est tout oublié et la frissonnante Ressac sur ta peau.
Quand vient le temps de donner une performance, certains artistes rendent de pâles copies de leurs versions enregistrées en studios. D’autres impressionnent par leur rendement presque identique aux opus. Philippe Brach a plutôt emmené la foule dans un voyage surréel, où chacune de ses chansons se méritait une revisite au goût bien nippon.
Bōshi (Chapeau)!
Photos : Félix Deschênes
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