Que l’invasion socialiste commence!

«I refuse to live in a country like this, and I’m not leaving.» Après la promesse qu’il s’est faite à la fin de son précédent film, le documentariste américain Michael Moore est passé de la parole aux actes. Son nouveau long-métrage, Where to Invade Next, propose des modèles sociaux plus humains qui pourraient pallier aux nombreuses inégalités présentes chez nos voisins du Sud, longtemps décriées par Moore.

Fidèle à son habitude, le coloré réalisateur ne peut résister à la tentation de se mettre en scène. Dès les premières minutes, on voit Moore, le drapeau américain sous le bras, qui part «envahir» d’autres pays, principalement en Europe, pour «capturer» leurs idées et les ramener aux États-Unis. L’Italie, la France, le Portugal, l’Allemagne, la Slovénie, la Norvège, la Tunisie et l’Islande font partie des pays ciblés.

C’est un Michael Moore optimiste et assagi qui refait surface, lui qui n’avait pas réalisé de documentaire depuis Capitalism : A love story en 2009. Possiblement fatigué par tous les problèmes de son pays, Moore a adopté l’autodérision et l’humour pour livrer son message. Évidemment, le documentariste convient que tout n’est pas rose et que les pays qu’il a visités ont leurs problèmes aussi, mais cet aspect est rapidement balayé du revers de la main pour laisser toute la place aux points positifs.

Une bonne partie du documentaire se consacre à l’éducation. Les écoles primaires de la Finlande s’illustrent comme étant les meilleures au monde, alors que les enfants n’y passent que quelques heures par jour. En France, les institutions d’enseignement servent de la nourriture digne d’un restaurant haut de gamme à la cafétéria. En Slovénie, l’inscription à l’université est gratuite et même les étudiants étrangers peuvent en profiter !

Poursuivant sa quête d’équité sociale, Michael Moore s’arrête en Italie, où les travailleurs ont huit semaines de congé payé chaque année, sans toutefois diminuer le rendement des entreprises. L’heure du dîner là-bas est en fait une pause de deux heures, afin que les salariés puissent rentrer à la maison et se préparer un bon repas en famille.

Une autre portion du long-métrage de deux heures démontre qu’un système carcéral peut être humain et efficace. Lors de son passage en Norvège, Michael Moore visite une prison à «sécurité maximale». Les prisonniers possèdent la clé de leur cellule, ont une douche individuelle et font la cuisine «avec d’énormes couteaux», remarque à la blague l’Américain. Le système norvégien, basé sur la réhabilitation sociale, a l’un des plus bas taux de récidive au monde, à environ 20%. C’est trois fois moins qu’aux États-Unis.

Comble de l’ironie, toutes ces idées recueillies en Europe qui semblent si incroyables aux yeux de Moore proviennent toutes de sa patrie. Dans le cas du système carcéral norvégien, l’idée prend racine dans la Constitution américaine, qui stipule que l’humain doit être traité avec dignité. C’est la même chose en ce qui a trait à l’égalité hommes-femmes en Islande, car les Islandaises se sont inspirées des mouvements féministes du pays de l’oncle Sam lorsqu’elles ont déclenché une grève monstre en 1975, puis ont élu la première femme présidente au monde.

Avec ce travail colossal de sensibilisation, Michael Moore n’a plus qu’à espérer que les Américains reprennent ces principes humanistes qu’ils ont adoptés, puis oubliés.

Where to Invade Next de Michael Moore sera à l’affiche dès le 26 février.

Note : 4/5

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