La quatrième édition de Laissés pour contes a décidé de s’attaquer cette année au thème de l’ignorance, pour mettre en scène les textes d’auteurs de la relève. Une suite logique à la peur, décortiquée l’an dernier.
Cette année, Patrick Renaud revient à la mise en scène des six monologues sélectionnés par l’équipe de Coïncidences Productions et de Laissés pour contes. Sur les planches du Théâtre La Chapelle se trouvent un cadre en bois au sol et une toile à trois couleurs réparties aux tiers.
Le premier texte de la soirée, Conseil d’ami, était un monologue en épisodes. En effet, le comédien, Alexandre Dubois, qui a écrit et récité ses répliques, avait comme directive d’occuper les transitions entre les cinq autres numéros du spectacle. Tout de noir vêtu et Bluetooth à l’oreille, il agissait en tant que technicien, en plus de donner conseil à une amie au bout du fil qui souhaitait se lancer en télévision. Hypocrisie et jalousie s’en suivent.
La table est mise pour le second monologue, La Part d’ombre, celui-ci récité au complet. Il a été écrit par Pierre Chamberland, fondateur et directeur artistique de Laissés pour Contes, et interprété par Brigitte Soucy. Celle-ci nous a récité avec verve sa relation de onze ans avec son copain, les manigances, les secrets. Une scène magnifiquement ficelée, avec humour, qui promet une chute surprenante.
La mise en scène et les directives scéniques ont été des plus remarquables dans le texte La grossesse, de Jean-René Bérard, interprété par Audrey Rancourt-Lessard. La toile au sol a été soulevée au tiers, où étaient dessinées cinq figures sans tête. La comédienne prenait place derrière chacune pour représenter les différentes phases de la grossesse, passant les bras au travers.
La soirée promettait rires, mais surtout émotions. Les textes voguaient entre humour et coups de poing, mis en évidence dans le texte de Pierre-Marc Drouin, Rose Nanane. Originaire de Sorel, Pierre-Marc Drouin transporte son coin de pays sur scène où on retrouve Alphé Gagné pour donner vie aux répliques. De là volent réellement les coups de poing dans un récit de violence, famille et préjugés.
Autre moment fort en frappes, le texte Le mal des transports de Juliana Léveillé-Trudel, qui présentait la réalité quotidienne des utilisateurs du métro. Le je-m’en-foutisme à l’état pur vu dans cette portion du spectacle nous rappelle qu’il est bon de lever le nez de son téléphone intelligent.
Le public a même eu droit à un moment de patriotisme à travers le monologue de Danielle Fichaud, J’aurais donc dû, qui narre le regret d’une mère de n’avoir pas appris à sa progéniture les racines familiales. Sur la dernière envolée de la scène, les encouragements du public fusaient et un sentiment de fierté s’est installé dans la salle.
La quatrième édition de Laissés pour contes était forte en émotions et fabuleusement orchestrée. Les transitions étaient fluides, les décors minimalistes, réussis et très bien utilisés. L’appel de textes pour l’an prochain est lancé et les artisans devront s’attaquer au thème du courage, toujours une succession cohérente au précédent.
Photo : Jules Bédard
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