Retraites et guerre de chiffres

L’UQAM prétend qu’un programme de départs volontaires explique la hausse des dépenses en primes de retraites alors qu’un changement de méthode comptable complique le suivi des postes budgétaires.

Selon des documents obtenus par le Montréal Campus, l’écart entre le montant initialement prévu et la dépense réelle pour les primes de retraites serait beaucoup plus important que le 3,8 millions annoncé par les Services financiers de l’UQAM. Dans le premier budget 2014-2015, déposé au Conseil d’administration (CA) le 29 avril 2014, le montant initial des primes de retraites était évalué à 5,2 millions de dollars. La différence entre le montant initial et le montant réel de 13,5 millions de dollars présenté à la fin de l’année financière s’élèverait donc à 8,3 millions, plus du double de l’écart que suggèrent les Services financiers.

La porte-parole de l’UQAM, Jenny Desrochers, laisse entrevoir une partie de la réponse qui pourrait expliquer les chiffres qui ne concordent pas les uns avec les autres. Afin d’économiser sur ses prochaines masses salariales, l’Université a mis sur pied un programme de retraites volontaires totalisant un montant de 3,8 millions pour 42 employés. «L’écart au poste ‘’primes de retraite’’ entre le budget révisé et réel 2014-2015 est principalement attribuable au Programme de bonification des conditions de départ volontaire à la retraite, explique la porte-parole de l’université. Mais ce poste budgétaire peut également comprendre d’autres éléments». En effet, lorsqu’on analyse le premier budget déposé en avril 2014, deux dépenses différentes sont énumérées dans le document: les primes de retraites et les retraites graduelles. Un an après, en avril 2015, les deux postes budgétaires ont été fusionnés pour donner ledit total de 13,5 millions. Lorsqu’on additionne les deux postes, cela donne le montant initial fourni par les Services financiers, soit de 8,2 millions de dollars. Le budget réel présenté en septembre 2015 évoque seulement des primes de retraites sans même préciser ce que cela comprend.

Le manque de clarté et le changement constant des postes budgétaires à l’UQAM font l‘objet d’une critique qu’adresse la présidente du Syndicat des chargés-es de cours de l’UQAM (SCCUQ), Marie Blais, jointe par le Montréal Campus. Le SCCUQ affirmait même compiler des chiffres différents de ceux que nous leur avons présentés.

Des départs profitables

Jenny Desrochers assure que les coûts de ce programme, soit 3,8 millions $ selon les experts comptables, respectent en tous points les paramètres du «Plan de retour à l’équilibre budgétaire 2009-2016» conclu entre l’UQAM et le gouvernement du Québec. D’ailleurs, le Vérificateur général du Québec est l’auditeur indépendant de l’UQAM depuis 2010. Chaque année, il approuve les états financiers de l’Université et, selon la porte-parole, il a la responsabilité de suivre le plan de très près.

La directrice uqamienne des relations avec la presse affirme de surcroît que «les économies générées par le non-remplacement ou l’embauche à moindre traitement salarial sont effectives dès 2015-2016 et les coûts du programme seront rentabilisés dès 2017.» Selon elle, les 3,8 millions investis en période d’austérité finiraient donc par être bénéfiques pour l’UQAM.

Photo : Alexis Boulianne

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