Retour à la petite école | Critique de l’album «Atone» de Pandaléon

Vieillir est un passage obligé. C’est aussi appréhender la nostalgie. Cerner cet état d’âme est une tâche ardue, la traduire en musique en est une encore plus complexe. C’est exactement ce qu’a tenté Pandaléon avec son dernier projet Atone. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le trio n’a pas lésiné sur les méthodes pour atteindre leur objectif.

Pendant cinq semaines le groupe indie rock, originaire de St-Bernadin en Ontario, a emménagé dans une école primaire désaffectée depuis près de 15 ans. Les dix pièces de Atone sont toutes composées dans l’optique de combiner immersion et émotion. «Ton bonheur trahissait ta peine- ton sang dansait dans nos veines», chante calmement Frédéric Levac sur la pièce Bulk Tank, juste avant que la bande s’engage dans un long segment instrumental, où les lourdes pistes de guitares s’entremêlent aux percussions.

L’acoustique des lieux est ingénieusement exploitée. Sur la magnifique pièce Pythagore, Pandeléon crée une inquiétante ambiance électronique avant de clore avec d’intrigants échantillons sonores de casiers qui s’ouvrent et se ferment violemment. L’alternance entre les moments rock et ceux plus atmosphériques amène un équilibre fort intéressant, qui n’est pas sans rappeler les bonnes années de Karkwa.

Les textes sont parfois un peu implicites. «Les enfants jouent à être enfantins», énonce Levac sur la pièce Amiante, avant d’enchainer avec «Un ballon sur le toit – un copain sur les épaules». Malgré ce petit bémol, les paroles d’Atone laissent beaucoup plus d’espace à l’interprétation. Cela ne fait qu’ajouter à l’audace du projet. Atone est rigoureusement détaillé et est truffé d’éléments qui ne peuvent être perçus qu’après plusieurs écoutes. C’est un album fixé dans le temps, avec une vision éclatée de ce que représente le passage de l’enfance à l’âge adulte.

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