Ça devient pratiquement un rituel. Au dix coups de 22h, une horde de gens s’engloutit dans les entrailles du 4467 rue Saint-Denis. Un début de semaine plutôt festif à l’Escogriffe.
Dimoné a ouvert le bal en force avec son groove coloré dès les premières notes de la pièce Chut Chut Shut Up lundi dernier. Bien qu’ils n’étaient que deux musiciens sur la scène, ce duo de Montpellier a réussi à créer un rythme entraînant sur lequel on tape automatiquement du pied. Il n’y a cependant pratiquement pas eu de variation d’énergie lors du spectacle, ce qui a laissé les spectateurs sur leur faim. Ils ont trouvé leur formule gagnante, et l’exploitent un peu trop à fond. La seule vraie cassure s’est faite lors du rappel, où une chanson plus lente a permis aux spectateurs de palper la nostalgie du chanteur. Malgré tout, le son de Dimoné reste agréable à écouter, et la foule intime de l’Esco leur a bien fait comprendre. Le duo assurera la première partie de Salomé Leclerc au Club Soda le 14 novembre prochain.
C’est en continuant dans cette formule minimaliste que Marc Antoine Larche a succédé à Dimoné, surpris qu’il reste encore des gens dans la salle malgré l’heure tardive. «On est jeune, on est fou, voilà», s’est-il exclamé avant de débuter. Il avait promis sur sa page Facebook avant le spectacle d’offrir de l’émotion à la foule, et c’est ce qu’il a fait. Deux guitares et du folk teintés de déprime post-relationnelle ont été offerts au public à travers des chansons bien souvent larmoyantes. Quelques erreurs par-ci par-là ont quelque peu déconcentré le chanteur originaire de Val D’or qui a su rendre ces situations cocasses.
Mardi
Une énergie complètement différente émanait de la foule mardi soir, lors de la prestation de Gustafson. La voix envoûtante d’Adrien Bletton, un savant mélange de Pierre Lapointe et David Giguère, a fait danser la foule sur des rythmes enivrants; .une musique sur laquelle les yeux sont pratiquement clos et les corps tanguent lentement. Cette pop plutôt française a su captiver le public, qui voulait toujours plus de ces airs de synthétiseurs. L’arrivée du saxophone à la fin de la prestation a permis au groupe d’évoluer vers un ton plus jazz, plus langoureux. L’énergie est restée à son paroxysme jusqu’à la dernière note.
L’Esco a fait un retour en arrière avec l’arrivée sur scène de Gino Laser, un pop rock fortement inspiré de l’énergie disjonctée des Colocs. Un genre de «je m’enfoutisme» des années 1990, où il récite des histoires sur des mélodies à l’image du groupe. Un Jean Leloup revisité, un langage grandiloquent. Ils sont fous et nous embarquent dans cet univers complètement sauté. La foule danse, ne regarde pas où elle va, les bras en l’air, la tête baissée… C’est ce genre de musique peu conventionnelle qui devient un plaisir coupable. Gino Laser aborde des thèmes aux antipodes, dénonçant à la fois les répercussions du passage des baby boomers aux angoisses que peuvent causer les urinoirs aux hommes un peu gênés dans Disco Boy. Ils seront à nouveau sur les planches dans le cadre du Coup de cœur francophone le 14 novembre à 22h au Quai des Brumes.
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