Environ 4000 étudiants de l’Association étudiante de l’École des sciences de la gestion (AEESG) se retrouveront sans représentant et sans droit de parole lors des assemblées générales en raison du changement que désire apporter l’exécutif à l’association pour la transformer en fédération. L’affirmation provenant de 12 anciens exécutants est démentie par le comité exécutif actuel.
La transition serait accélérée au détriment des étudiants de l’association, selon Cynthia* qui a tenu à conserver l’anonymat par crainte de représailles. «Les décisions que [le passage à une fédération impliquent] doivent être prises avec plus de transparence et de façon moins précipitée», critiquent 12 anciens exécutants de l’AEESG dans une lettre ouverte. Le président de l’AEESG, Gabriel Boileau, assure que les 4000 étudiants seront toujours représentés.
Le comité exécutif de l’AEESG proposera à ses membres un changement en profondeur des règlements généraux, lors de la prochaine assemblée extraordinaire du 14 avril, indique un document de 107 pages obtenu par le Montréal Campus. L’assemblée générale ouverte aux 14 000 membres de l’UQAM sera remplacée par un congrès annuel composé de délégués qui proviendront des associations modulaires de façon proportionnelle à leur nombre de membres. Les délégués sont toujours élus par leurs membres.
Le comité exécutif présentera d’ailleurs un amendement à ses règlements généraux lors de l’assemblée extraordinaire du 14 avril. Ce dernier ne semble pas avoir été envisagé avant le 13 avril lors de la parution de la lettre ouverte, notamment signée par deux anciens présidents de l’AEESG, Andrew Lockhead et Marie-Pier Poulin-Breton. «On crée aussi une assemblée générale des membres. Elle fera des recommandations au congrès», indique Gabriel Boileau. Les 4000 étudiants y seraient représentés de façon temporaire jusqu’à ce que tous les membres soient intégrés au congrès par le biais d’une association modulaire. «Cette nouvelle instance ne sera que consultative et ne pourra que faire des propositions sans réel pouvoir», dénonce Cynthia, pour qui la faiblesse de la participation des dernières années expose les limites de cette proposition.
Initiative associative
Pour intégrer le futur congrès, il est de la responsabilité des étudiants de joindre ou de former une association modulaire. Cette dernière peut aussi prendre les devant et s’associer à d’autres programmes non représentés. «À l’AEESG, je peux pas prendre l’initiative de créer une nouvelle association de programme quand je n’en fais pas partie, explique Gabriel Boileau. Ce qu’on offre c’est du support en termes logistiques et de mobilisation.»
La plupart des étudiants qui seront laissés sans représentant sont ceux au certificat ou des programmes courts de deuxième et troisième cycle. Ils continueront cependant de payer la cotisation trimestrielle de 20,50 $ tout en conservant les bénéfices de leur cotisation, notamment les assurances, assure Gabriel Boileau.
Risque de centralisation
Le passage accéléré vers une fédération viserait également à centraliser le pouvoir dans les mains du conseil exécutif, constatent les 12 signataires de la lettre ouverte. L’AEESG se divise en deux structures décisionnelles: le conseil d’administration et le comité exécutif, tous deux élus par l’assemblée générale. Sans l’élection du conseil d’administration cette année, le futur conseil central, réservé aux délégués des associations modulaires, choisira les prochains membres de cette instance. «C’est une centralisation des pouvoirs, lance Cynthia. [Les membres du comité exécutif] peuvent faire tout ce qu’ils veulent sans consulter leurs membres.»
D’après Cynthia, il sera simple pour le conseil exécutif d’avoir l’appui des membres. «Le monde reçoit des bonbons [du comité exécutif] ou ils refusent de contester une décision pour avoir des subventions», constate-t-elle. L’AEESG distribuerait plus de 100 000 $ chaque année pour financer des projets étudiants et des associations modulaires.
Le président de l’AEESG assure que les postes sur le conseil d’administration seront accessibles à tous les membres de l’association sauf les employés. À l’exception du président, les vice-présidents aux finances et aux affaires administratives, les membres du comité exécutif ne peuvent pas siéger au conseil d’administration. «Le but ce n’est pas d’avoir une clique sélecte de 100 personnes qui se connaissent toutes et que ce soit toutes les mêmes personnes sur les instances», ajoute Gabriel Boileau.
«Cette élection doit absolument se faire au scrutin universel, sur plusieurs journées, et non en conseil central, où seules les associations de programmes peuvent se faire entendre», demandent 12 anciens exécutants de l’AEESG.
Communication défaillante?
L’absence de publicité lors de la première assemblée générale pour modifier les règlements généraux serait révélatrice du désir du comité exécutif de s’accaparer plus de pouvoirs, selon Cynthia. «Quel réel effort de communication y a-t-il eu pour informer les 14 000 membres de l’impact de ces changements sur des questions aussi importantes que la représentativité et les droits de parole et de vote ?» se questionnent les 12 anciens membres de l’AEESG à l’endroit du comité exécutif. Pour modifier ceux-ci, l’assemblée devait être d’ordre exceptionnel. Gabriel Boileau rappelle que le projet de réforme des règlements généraux est accessible aux membres depuis presque deux mois.
Le comité exécutif a dû en commander une seconde assemblée générale, prévue le 14 avril, pour modifier ses règlements généraux. Cette fois, les exécutants ont créé un évènement Facebook. «[L’assemblée] est en fin de session dans un contexte où il y a des grèves et avec une stratégie publicitaire pour que [leurs propositions] passent comme dans le beurre, affirme Cynthia. [Le comité exécutif] ne présente que les points positifs [de la fédération] et pas les points négatifs.» Le président de l’AEESG, Gabriel Boileau, croit que la grève a eu plus d’impact sur les informations en regard à l’assemblée générale.
L’assemblée générale sur la modification des règlements généraux de l’AEESG aura lieu le 14 avril vers 12h30 au local R-M130.
*nom fictif
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