Les Dènès (signifiant «ceux qui sont comme la terre») sont aux prises avec un processus de décolonisation. Ce peuple autochtone des Territoires du Nord-Ouest vit une bataille constante entre son appartenance à ce coin de pays et la conservation de leur identité. Le dernier documentaire Ceux comme la terre du cinéaste Nicolas Paquet expose la réalité lumineuse d’un peuple à la réputation salie, non plus par les préjugés, mais par la Terre.
L’essence du documentaire naît de l’essai du Père René Fumoleau intitulé As Long as This Land Shall Last (1975), qui dépeint les réalités des Dènès pour mieux dénoncer le colonialisme sauvage dont les autochtones ont été victimes pendant plus de 100 ans. Nicolas Paquet a donc misé sur leur réalité d’aujourd’hui, malgré un lourd passé. Ponctué par des passages de l’œuvre de Fumoleau en narration, le long métrage nous transporte aux bords du Grand lac des Esclaves, un coin de pays désertique dont les rives entrecoupent les terres de Lutsel K’e.
«J’avais envie de tourner ma caméra vers des autochtones qui ont envie de changer les choses, qui ont envie de me montrer qu’ils sont un peuple fort. Ceux qui regardent leur avenir avec espoir», explique Nicolas Paquet au sujet des préjugés sur les autochtones. Peuple martelé par ses dépendance aux drogues, à l’alcool et au taux élevé de suicides, les perceptions extérieures sont multiples et se transmettent. La vision de Nicolas Paquet en voulait autrement en exposant les Dènès à leur juste valeur.
Les habiletés de chaque individu dans leurs tâches quotidiennes dominent le métrage. Que ce soit en travaillant la peau d’un animal ou en pêchant dans de l’eau glacée, leurs problèmes connus sont mis en veille : «Je n’ai pas cherché à creuser dans les histoires tristes, même si derrière tout cela se trouve une grande injustice», disait Paquet.
L’espoir émane des témoignages du documentaire. Une harmonie de discussions à cœur ouvert sur leurs histoires familiales fait comprendre que le cordon ombilical entre la Terre Mère et son habitant peut être difficile à rompre.Le documentaire abaisse les barrières qui nous ont limité nos perceptions sur les peuples autochtones du Nord-Ouest. «Je voulais donner la voix aux Dènès. […] Mes questions s’orientaient sur leur façon de vulgariser leur histoire, pour ne plus se limiter à ce qu’on lit dans nos livres d’histoire.» Sa version des faits mérite d’être connue.
Ceux comme la terre, Nicolas Paquet, 73 minutes, est présenté au cinéma Excentris de Montréal jusqu’au 5 février.
Le film est aussi diffusé sur internet partout au Québec via Excentris en ligne.
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