Remise en question

Après Kamloops et Vancouver, l’artiste Esther Shalev-Gerz termine la tournée de son exposition monographique itinérante La mémoire en mouvement. à Montréal.

À son arrivée à Montréal, l’artiste n’avait pas encore trouvé de nom pour son exposition. «La mémoire et l’histoire sont les points centraux de l’exposition, explique la directrice de la Galerie de l’UQAM, Louise Déry. Il faut avoir une mémoire répétitive, toujours se poser des questions sur où on en est et qui nous sommes, et cela nous a inspiré son nom.»

Reconnue pour ses travaux internationaux sur la politique et la culture, l’artiste repense ici le concept du portrait et de l’identité, par le biais de la parole. «Je veux que les visiteurs se questionnent à propos de l’histoire et qu’ils se demandent qui la construit, l’écrit et la finit», illustre Esther Shalev-Gerz.

Louise Déry soutient que Montréal s’agissait d’une ville de choix pour l’exposition, car l’artiste et ses œuvres, francophones, ne devaient pas se buter aux barrières de la langue et de la traduction. «Au Québec on a besoin d’œuvres qui aident à réfléchir à la différence, notamment celle des langues, ajoute-t-elle. Il faut se remettre en question et réfléchir aux disparités dans les cultures et les langues, comme le font Jacques Rancière et Rola Younes dans l’œuvre D’eux.» Une de ses œuvres parle aussi de la culture autochtone, un sujet qui devrait être plus discuté compte tenu de sa fragilité, selon la directrice. «Les autochtones canadiens ont leur culture à cœur et prennent soin de la protéger, il ne faut pas qu’elle s’affaiblisse, dit-elle. Cette femme dans White-Out ne connaît pas la culture sami, il ne reste que très peu de leur savoir.»

Esther Shalev-Gerz parle beaucoup de cette oeuvre, White-Out, celle qui représente une femme sami et suédoise. «Le mot «guerre» n’existe pas en langue same et par ailleurs les Suédois n’ont pas été en guerre depuis 200 ans, ces peuples s’inspirent mutuellement, éclaire-t-elle. C’est la même chose au Canada, deux sortes de personnes partagées entre deux cultures et qui vivent sur le même territoire s’inspirent.»

L’artiste refuse d’expliquer son intention. «Comme disait Marcel Duchamp, l’œuvre d’art c’est 50% de l‘artiste et 50% du visiteur, cite-t-elle. On ne peux jamais savoir comment elle sera interprétée.» Elle ne met pas les gens au défi de comprendre, mais elle leur demande de se poser des questions, afin qu’ils apprennent de leur expérience. «Ce devrait être ainsi que les étudiants de l’UQAM devraient apercevoir mon travail», ajoute-t-elle.

White-Out et Mouvement perpétuel, une vidéo d’une pièce de dix francs qui tourne sur elle-même, étaient les deux seules œuvres présentées dans les villes précédentes. C’est à la demande de la Galerie de l’UQAM que Entre l’écoute et la parole : Derniers témoins. Auschwitz 1945-2005, une vidéo démontrant 60 survivants de camps de concentration, et D’eux ont été ajoutés à l’exposition, présentée jusqu’au 12 avril prochain.

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *