Deux ans après avoir envahi les rues avec carrés rouges et pancartes revendicatrices, les étudiants de l’UQAM ainsi que ceux de quelques cégeps et facultés de l’Université Laval et de l’Université de Montréal, quittent à nouveau les bancs d’école pour une grève de deux jours. Mêmes revendications, même combat? Plus ou moins.
Les jours de grève prévus les 2 et 3 avril ne visent pas les mêmes objectifs. Si le 3 avril est prévu pour dénoncer les mesures dites d’austérité prises par le gouvernement Marois avant d’entrer dans la valse électorale, celle du 2 avril ressemble plus à un pot-pourri de critiques dirigées à l’endroit de l’administration de l’UQAM.
Les 38 000 étudiants qui seront en grève le 3 avril unissent leurs voix pour dénoncer un écart de plus en plus grand entre les classes, une augmentation du coût de la vie inacceptable et l’instauration de mesures d’austérité qui manquent d’alternatives. Difficile de les contredire lorsqu’on jette un oeil aux grandes mesures qui ont construit le budget préélectoral de Nicolas Marceau. La fin des garderies à sept dollars, qui deviendront plutôt des garderies à huit et bientôt à neuf dollars, la réduction des exemptions pour les étudiants hors Québec qui choisissent de venir poursuivre leur parcours scolaire dans la province et la limitation de l’augmentation du salaire des employés de l’État. Les perdants de ce budget donc? Les parents, les étudiants et les employés gouvernementaux. Ça commence à faire bien du monde.
Petit aparté économique sur la question de l’austérité. Selon les travaux parus en mars dernier de Michael McLeay, Amar Radia et Ryland Thomas, économistes à la Banque d’Angleterre, l’austérité n’est jamais une solution viable dans un système gouvernemental puisque d’une certaine façon, l’argent est une ressource qui trouve sa valeur dans celle qu’on veut bien lui donner. L’argent serait donc, selon leur raisonnement une ressource inépuisable puisqu’elle n’est qu’un concept. Évidemment, la réflexion prend une dimension plus complexe qu’il ne serait possible de l’expliquer ici, mais tout ça pour dire qu’il est bien facile d’instaurer des mesures drastiques pour couper dans les programmes sociaux alors qu’ils sont à la base de la société, dans un contexte où l’obsession du déficit zéro est au coeur des préoccupations gouvernementales. Bien sûr, tout n’est pas noir dans ce budget qui débloque six millions de dollars pour la lutte contre l’itinérance, une mesure que l’on ne peut que saluer. Par contre, une seule mesure ne suffit pas à excuser un budget qui sabre dans les services publics à grands coups de millions et qui endette les familles un dollar à la fois.
Ceci étant dit, la grève du 2 avril, au contraire de celle très ciblée du lendemain tire à boulets rouges sur une cible beaucoup plus rapprochée, l’administration uqamienne. L’inaction de l’Université du peuple dans le cas du Ras-le-Bol, la cuisine populaire, et sa trop grande action dans l’installation de caméras de surveillance all over l’UQAM font partie de la dizaine de plaintes qui sont à la base de la grève. Alors que le rassemblement du 3 avril risque de ramener dans la bouche de nos politiciens en campagne le mot «éducation», le débrayage du 2 avril, lui, rassemble beaucoup trop d’enjeux pour être réellement significatif. À force de vouloir trop dénoncer, peut-être finit-on par ne plus rien dire.
Sandrine Champigny
Rédactrice en chef
redacteur.campus@uqam.ca
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