Du chemin à faire

Très médiatisée, la prévention du suicide est plus présente que jamais au sein de plusieurs campus universitaires du Québec. À l’UQAM, la problématique est souvent reléguée au second plan. 

Certaines universités se font une mission de prévenir le suicide sur leurs campus, mais au sein d’autres établissements, l’amélioration des services de prévention est réclamée. L’intervenante psychosociale du Centre d’écoute et de référence de l’UQAM, Nathalie Dubois, révèle que l’Université est touchée par plusieurs cas de suicide chaque année. Face à cette problématique, une semaine dans la formation des bénévoles du Centre est réservée à la sensibilisation. «Pour l’instant, il n’y a que nous au sein de l’UQAM qui faisons de la prévention du suicide, remarque-t-elle. Il y aurait moyen de faire plus, ça reste très modeste comme intervention.»

Ailleurs au Québec, d’autres établissements travaillent d’arrache-pied à diminuer le taux de suicide sur leurs campus. L’Université Laval et l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) ont toutes deux mis sur pied un réseau de sentinelles au sein de leur institution. La coordonnatrice du projet à l’UQTR, Nathalie Cardinal, explique que les sentinelles sont des membres du personnel, incluant des enseignants, qui reçoivent une formation afin d’être en mesure d’intervenir auprès des étudiants en détresse. «On travaille vraiment au quotidien, soulève-t-elle. Chaque sentinelle est identifiée à son bureau et lorsqu’elle rencontre quelqu’un en détresse psychologique, elle est en mesure de lui poser les bonnes questions et de le référer aux ressources adéquates.»

La coordonnatrice des communications de l’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS), Catherine Rioux, croit qu’un programme comme celui-là devrait être mis en place dans chaque université de la province. «On pense qu’une telle formation devrait être offerte systématiquement dans les milieux de travail, au même titre que les formations RCR», suggère-t-elle. Nathalie Dubois du Centre d’écoute et de référence estime que l’Université du peuple devrait prendre exemple sur ce qui se fait ailleurs. «Ce serait essentiel de former du personnel à l’UQAM qui saurait intervenir auprès des étudiants, croit- elle. Plus il y a de prévention, mieux c’est.»

Le suicide chez les jeunes a diminué depuis les dernières années, mais Catherine Rioux croit qu’il demeure néanmoins un problème important. Selon les dernières statistiques de l’Institut de Santé publique du Canada, 43 jeunes entre 15 et 19 ans et 245 entre 20 et 34 ans se sont enlevé la vie au cours de l’année 2011 au Québec. «La prévention du suicide, c’est la responsabilité de tous, pas seulement celle du service de psychologie de l’université. C’est la responsabilité des équipes de professeurs, des étudiants et de la direction, martèle la coordonnatrice. Il faut réaliser que c’est un problème collectif et tous être à la recherche de solutions.»

La chercheure associée au Centre de recherche et d’intervention sur l’euthanasie (CRISE), Christine Genest, avance qu’il reste du travail à faire pour prévenir le suicide dans les milieux universitaires. «Je ne crois pas que les étudiants soient suffisamment au courant des ressources», note celle qui est également enseignante à l’Université de Montréal. Christine Genest ajoute que le suicide reste quelque chose de très tabou, qui provoque souvent un profond malaise. «Généralement, les gens n’osent pas parler du suicide et ne savent pas comment réagir, poursuit Nathalie Cardinal. C’est important de démystifier tout ça.»

S’il reste du travail à faire au niveau de la prévention du suicide, Christine Genest est tout de même consciente que les milieux universitaires sont de plus en plus sensibilisés sur le sujet ces dernières années. «Souvent, comme enseignant, on nous fait remarquer qu’il faut prendre en considération la santé mentale des étudiants, remarque-t-elle. Le personnel est plus vigilant face au stress que les jeunes peuvent vivre.»

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