La tragédie d’amour

Dans la tradition de la tragédie grecque, Jean Racine reste un auteur incoutournable. Trois de ses oeuvres sont aujourd’hui adaptées à l’Espace libre: Andromaque, Bajazet et Bérénice. Trois metteurs en scène, soit Réal Bossé, Sylvie Moreau et Jean Asselin, ont relevé le défi de créer un fil conducteur au travers de ces œuvres.

Deux hommes et deux femmes interprètent à eux seuls onze personnages sur scène. Les trois pièces représentent trois univers bien distincts. Le public entoure les quatre coins de la scène, ici en forme d’un énorme carré de terre, d’une manière très intime. Vêtus de fourrures et de cornes, les acteurs se fondent avec brio dans l’environnement préhistorique dépeint dans le premier tableau. La seconde période, celle de Constantinople, est quant à elle transposée dans un monde oriental tandis que le dernier acte se retrouve à l’époque de l’Empire romain, alors contemporain et éternel.

Rapidement, les liens entre chacunes des pièces deviennent évidents. L’espace de jeu se voit restreint dans les trois pièces, changeant par le fait même l’approche des acteurs, qui jouent d’une manière toujours plus introspective.

Un personnage extérieur agit également comme la conscience des deux têtes d’affiches. Une liaison qui a dû être bien appréciée par une dizaine de spactateurs qui avaient du mal à rester éveillé, de par la lourdeur des textes.

Kathleen Fortin, dans le rôle de reine et d’Atride est troublante d’intensité et de vulnérabilité. Sa prestance sur scène fait d’elle une tragédienne née.

Qu’on soit familier ou pas avec les proses de Racine, tout le message d’amour, de désespoir, de pouvoir et d’abandon traverse l’interpretation de chacuns des acteurs. Peu importe la langue dans laquelle la pièce aurait été présentée, leur langage corporel est assez puissant pour saisir la profondeur des émotions engendrées par la dualité entre le pouvoir et la tragédie de l’amour.

Amours Fatales, Jean Racine, jusqu’au 8 mars, Espace Libre, mise en scène de Réal Bossé, Sylvie Moreau et Jean Asselin.

Crédit photo: Catherine Asselin Boulanger

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