La Grande Belezza est l’un de ces films qui vous transportent aisément dans un autre pays, au sein d’une autre culture. Un film différent, unique en son genre. Ce nouveau long métrage de Paolo Sorrentino est le Great Gatsby que l’on aurait souhaité, celui qui analyse avec la vigueur des grands esprits la tendance de l’être humain à sombrer dans l’excessivité, et sa vulnérabilité face au vice. Tout en offrant des moments de comédie très savoureux, le réalisateur fait cadeau d’une qualité dramatique nettement supérieure à l’adaptation mélodramatique du livre de Scott Fitzgerald, par Baz Luhrmann.
Nous sommes en Italie, avec Jep Gambardella, un journaliste talentueux et séduisant, âgé de 65 ans. Manifestement ennuyé par l’impertinence de l’élite bourgeoise qui l’entoure, cet homme cultivé, jadis écrivain, participe néanmoins quotidiennement aux beuveries nocturnes organisées en leur faveur. En observant cette jungle mondaine qui déferle autour de lui, Jep songe à réécrire.
Il fallait trouver un acteur digne des prouesses cinématographiques du réalisateur-scénariste. Ce dernier s’est tourné vers une valeur sure, son comédien fétiche, Toni Servillo. De cette décision du cinéaste nous parvient un jeu saisissant qui est présent dans chaque scène, grâce au prodigieux sens de la répartie de son personnage. Il ne manque jamais de dénoncer la mauvaise foi de ses semblables, et à se moquer de leur vacuité avec intelligence et franchise.
Pour exposer la vulgarité de Rome, Paolo Sorrentino fait interagir son personnage avec plusieurs individus grotesques, et souvent pathétiques. Il s’en prend aussi à la religion avec une grande férocité. Il en résulte un portrait à la fois honteux et charmant de la capitale italienne.
L’esthétique baroque de la mise en scène offre son lot de séquences inoubliables, tant par les beautés que par les vices qui hantent les coulisses de la Ville éternelle. Le cinéaste, à l’image de son personnage principal, semble embrasser ce monde, tout en manifestant une aversion à l’égard des mœurs superficielles qui l’engloutissent.
Même s’il comporte certaines longueurs en deuxième partie, notamment en se laissant aller à quelques facilités en ce qui a trait à la papauté, il y a toujours quelque chose à découvrir dans La grande bellezza. L’héritage de Fellini (8 et ½ , La Dolce Vita) se fait sentir dans chaque scène, tout comme celui des performances récurrentes de Marcello Mastroianni, l’acteur fétiche du défunt cinéaste. Paolo Sorrentino, tout comme son personnage Jep Gambardella, ont été manifestement charmé par la grande beauté de l’odeur des vieux.
La Grande Bellezza (The Great Beauty), Paolo Sorrentino, Italie, 142 minutes.
En salles depuis le 24 janvier 2014.
Crédit photo: Facebook
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