La Galerie de l’UQAM et le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) projettent le film Raphaëlle de Groot à Venise de Frédéric Lavoie le 2 décembre prochain. Quelques jours avant la présentation officielle de ce court-métrage, le Montréal Campus a échangé avec l’artiste au cœur de ce projet, Raphaëlle de Groot.
Montréal Campus (MC): De quoi parle le documentaire Raphaëlle de Groot à Venise de Frédéric Lavoie?
Raphaëlle de Groot (RDG): Il présente ma performance qui a eu lieu à Venise dans le cadre des journées d’ouverture de la Biennale des arts contemporains. La directrice de la Galerie de l’UQAM, Louise Déry, qui connaît bien mon travail, m’a proposé d’y présenter une performance incluant un voyage de gondole. Louise avait le désir de s’inscrire autrement que par une exposition matérielle avec présentation d’œuvres. Elle m’a donc approché pour un évènement éphémère. Ce court film rend compte de ce que le public n’a pas été en mesure de voir au moment de cette performance.
MC: Parlez-nous un peu de cette performance.
RDG: Elle était séparée en trois moments principaux. D’abord, je m’emballais la tête de matériaux. Je ne voyais pas. J’étais une aveugle assise sur un banc. À cela s’ajoutent de faux membres. Je place des pieds à mes mains. Je me transforme en figure étrange. Par la suite, je me lève et je me dirige vers la gondole. Je me promène dans les rues de la Biennale, puis dans les rues de Venise à tâtons. Je heurte certaines personnes. Sans voir, j’avance. Puis, j’embarque dans la gondole et le gondolier me promène. Je me lève sur le banc de la gondole. Dans tout ce processus, le public suit. Il joue une partie de cache-cache avec moi. Il montre aussi les moments où je suis seule dans la gondole où le public de la ville n’a pu me suivre. Le film de Frédéric Lavoie, un artiste vidéaste, rend compte des réactions de ce public. Frédéric a intégré des vidéos des observateurs dans ce film. C’est un condensé en 30 minutes d’une performance qui a pris 2h40.
MC: Pourquoi avoir choisi ce type de performance?
RDG: Elle représente bien le travail à l’aveugle. Elle montre l’état dans lequel on est quand on est en création. On ne voit pas. On cherche à tâtons. Voit-on vraiment ce que l’on fait? Je me mets dans cet état de vulnérabilité d’abord sur le site de la Biennale avec un public habitué à l’art contemporain. Après je me transporte dans la ville aux côtés de monsieur madame tout le monde. Ce trajet soulève une autre question: à qui s’adresse-t-on comme artiste?
MC: Quelle a été la réaction de ce public?
RDG: Certaines personnes ont participé malgré eux à cette performance quand je les accrochais. On m’a guidé en me tenant la main. Les personnes posaient des questions, mais je ne parlais pas. Elles posaient alors des questions à mon gondolier. À la Biennale ce n’est pas facile d’aller chercher le regard des gens. Ils regardaient parce que c’était intrigant. Ils filmaient et prenaient des photos pour mettre ça sur les médias sociaux. C’est cocasse aussi de voir dans ce film tout le monde du festival qui s’affaire à servir le mousseux.
MC: En terminant, est-ce que cet évènement était spontané?
RDG: La Galerie de l’UQAM avait distribué plusieurs cartes de l’itinéraire les deux jours précédents et le lieu de départ. Le public pouvait donc être là. On n’a pas dit que c’était de telle heure à telle heure. Il n’y avait pas de discours. Je me suis assise. J’ai commencé mon numéro et rapidement un demi-cercle s’était formé autour de moi.
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