La FECQ au masculin

La Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) a voté en congrès une résolution qui met fin à la féminisation de ses documents. Désormais, le genre masculin remplacera les formulations mixtes utilisées jusqu’ici par la FECQ.

«Ce n’est pas une raison idéologique mais bien linguistique», assure la présidente de la FECQ Éliane Laberge. Un mémoire sur la féminisation des textes déposé par le Regroupement des étudiants et des étudiantes du Cégep de Saint-Hyacinthe (REESCH) était à l’origine de la proposition. Selon le comité exécutif du REESCH l’usage exclusif du genre masculin n’apporte aucune discrimination envers les femmes. «Le genre masculin est le genre neutre de la langue française, explique le président du REESCH, Samy Kaâniche, qui a participé à l’écriture du mémoire avec les autres membres du comité exécutif. Même des objets inanimés ont le genre masculin. On ne peut donc pas l’attribuer à un sexe.»

Pour la FECQ et le REESCH, l’égalité des sexes est importante et la féminisation accordait une visibilité nuisible aux inégalités hommes-femmes. «Les gens qui féminisent les textes mettent la discrimination envers les femmes de l’avant. Ça va à l’encontre de l’égalitarisme que prône la FECQ», soutient Samy Kaâniche. Si l’argument qui veut que la féminisation alourdisse les textes a été mentionné dans le mémoire, ce sont surtout les questions linguistiques qui ont animé les discussions lors de l’assemblée, indique Éliane Laberge.

Sur les réseaux sociaux, des étudiants militants y ont vu un recul dans la lutte féministe et ont dénoncé cette décision. «Il n’y a pas d’inquiétudes à avoir, croit Éliane Laberge. La FECQ a toujours eu une culture égalitaire extrêmement importante et le travail pour la parité entre les hommes et les femmes va se poursuivre.» Le président du REESCH rappelle que le regroupement a une position qui défend l’égalitarisme. «Oui, nous sommes féministes, mais nous sommes avant tout égalitaristes. Nous revendiquons l’égalité universelle entre les individus.»

La présidente du Réseau québécois en études féministe à l’UQAM, Sandrine Ricci dénonce le refus d’utiliser la forme féminine à grande échelle. «Renoncer à la féminisation de la langue, c’est-à-dire à l’inclusion des femmes dans la pensée, est un recul et un problème. Ce qui n’est pas dit a de la difficulté à exister», croit-elle. Pour éviter la discrimination, des formulations qui ne présentent pas d’alternative féminine ou masculine peuvent parfois remplacer la féminisation des textes, ajoute la spécialiste des luttes féministes. Par exemple, l’utilisation de noms collectifs comme la population canadienne pour remplacer la formulation les Canadiens.

La présidente de la FECQ assure que la solution des formulations sans genre a été mentionnée lors de l’assemblée. «Une autre association a amené l’idée d’utiliser la forme neutre, mais ce n’était pas toutes les associations qui étaient au fait de cette méthode alors ça devra être ramené sur la table.»

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