Un tour de force artistique

L’artiste multidisciplinaire Robert Lepage offre dans son nouveau long-métrage, réalisé en collaboration avec Pedro Pires, une exploration de la maladie mentale et d’un mal de vivre.

D’abord présenté en compétition officielle au festival du film de Toronto, Triptyque ouvrait cette semaine le Festival du nouveau cinéma à Montréal. Bien que Lepage avait juré qu’il en avait fini avec le septième art, il signe ici son premier long-métrage depuis La face cachée de la lune. Les acteurs reprennent tous leurs rôles respectifs dans cette adaptation d’une pièce d’une durée de presque 9 heures créée en 2010 par le cinéaste.

Triptyque, qui signifie une oeuvre littéraire en trois parties, se situe entre Québec, Londres et Montréal. Michèle, libraire doté d’une culture hors du commun est hospitalisée pour schizophrénie pendant que sa soeur Marie, chanteuse de jazz, apprend qu’elle est atteinte d’un cancer. Sa maladie lui retire temporairement l’usage de la parole et lui fait oublier la voix de son défunt père. Thomas, le neurochirurgien qui soigne Marie, est quant à lui au beau milieu d’une crise de la cinquantaine et développe une relation amoureuse avec sa patiente. Des images ternes, dénaturées teintent cette fresque du désespoir vécue par les trois personnages.

Il s’agit d’abord et avant tout d’un film sur les voix, celle que l’on cherche à l’intérieur de soi, celle qu’on a oubliée ou celle qu’on veut affirmer. Un récit sur la manière dont le langage peut nous connecter tout un chacun.

Le film peut sembler d’une lourdeur sans égal, mais l’émotion brute des acteurs et le noyau émotionnel de celui-ci fait en sorte que le récit est empreint de vérité.

La retenue ainsi que la profondeur du rôle de Michèle, incarné par Lise Castonguay ne peut être passée sous silence. Les multiples envolées à motifs religieux peuvent par contre être un peu pompant et pas tellement nécessaire.

Triptyque continuera de vous hanter une fois que vous aurez franchi les portes du cinéma.

Triptyque, de Robert Lepage & Pedro Pires, Québec, 90 min

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