En attendant Québec

Plan directeur immobilier gelé et objectif de réduction des dépenses: les coupures budgétaires de Québec prolongent la pénurie d’espace. 

L’Université du Québec à Montréal se retrouve encore une fois en mode survie. Déjà forcée d’imposer une cure minceur à ses services administratifs, celle-ci a finalement pris la décision au printemps de mettre à l’arrêt le projet de réaménagement de son campus. En attendant de nouveaux investissements de la part de Québec, ce sont encore deux années de vache maigre qu’elle devra s’imposer en plus de voir sa pénurie d’espace s’éterniser.

En espérant la pluie de millions promise par le gouvernement Marois à partir de 2014, 12,5 M$ ont été prélevés de la réserve destinée au Plan directeur immobilier (PDI), pour être transférés dans un fonds spécial. Celui-ci a été créé au printemps dernier afin d’assurer le maintien des activités académiques de l’UQAM. La stratégie cherche à pallier aux coupures budgétaires de 250 millions de dollars imposées l’an dernier par Québec au réseau des universités. Ce transfert de fonds interne est en vigueur pour les exercices financiers 2012 – 2013 et 2013 – 2014. Il permettra de garder intact le budget de fonctionnement de l’Université d’ici le début du plan de réinvestissement de 1,764 G $ sur sept ans promis par Québec à l’issue du Sommet sur l’enseignement supérieur.

Tous les travaux de réaménagement des différentes facultés seront mis sur la glace après le déménagement du département de psychologie au pavillon SU, situé à l’angle des rues Saint-Urbain et Sherbrooke, prévu pour l’été 2014. Le retard et l’incertitude créés par cet arrêt des travaux donnent bien des maux de tête un peu partout sur le campus universitaire. «C’est une catastrophe, se désole la doyenne de la faculté des arts de l’UQAM, Louise Poissant. Certains programmes comme Histoire de l’art, qui est le plus surpeuplé de l’Université, ont un besoin criant de nouveaux locaux». Elle déplore également que Québec ait octroyé 173 M $ de dollars pour un nouveau complexe des sciences à l’Université de Montréal alors que les besoins sont si manifestes à l’UQAM.

Des gains d’espace ont tout de même été réalisés dernièrement, notamment grâce au déménagement de la faculté des sciences au pavillon Président-Kennedy et à la location des anciens locaux de l’Office national du film situé au 7564 Saint-Denis. «Ça va donner un peu d’air à la faculté de communication», se réjouit le doyen de la faculté, Pierre Mongeau.

Destiné à libérer à terme 15 000 m2 d’espace supplémentaire, le PDI était la solution mise de l’avant pour répondre au manque d’espace qui affecte l’UQAM depuis de nombreuses années. «On ne sait plus où mettre notre monde», s’inquiète Pierre Mongeau. Le manque d’espace est incontestable pour les professeurs dont les bureaux se retrouvent parfois isolés dans des locaux loués un peu partout dans le Quartier latin. La directrice du Service des communications de l’UQAM, Jenny Desrochers, tient néanmoins à rappeler qu’à ce jour, tous les nouveaux professeurs disposent d’un bureau et que la situation est suivie de près.

Toujours dans le rouge

Même si la direction de l’UQAM a jusqu’à maintenant pu éviter de sabrer dans le budget de fonctionnement de l’institution, la situation actuelle met encore une fois en lumière la fragilité son fonds d’immobilisation en plus d’une ponction de près de 4,5 M$ dans le budget de ses facultés. Les difficultés financières de l’UQAM étaient présentes bien avant les coupures ministérielles. Le PDI était déjà partiellement financé par des sommes empruntées. L’UQAM est autorisée jusqu’en 2016 à réaliser des déficits dans le cadre de son plan de retour à l’équilibre budgétaire. Elle s’est donc endettée davantage pour réaliser ce projet qu’elle jugeait essentiel à la poursuite de son développement. «C’est une manœuvre comptable, un peu étrange, pas tout à fait naturelle, mais somme toute utile. C’est représentatif du sous-financement des universités», analyse l’un des anciens représentants étudiants au conseil d’administration, Samuel Ragot.

Le budget des universités a déjà été modifié trois fois en trois ans par les différents gouvernements. Si à Québec comme à l’UQAM, le passé est garant de l’avenir, une élection provinciale pourrait bien encore venir brouiller les cartes budgétaires sous les clochers du Quartier latin.

 

Crédit photo : Gabriel Germain

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