Derrière l’image préconçue des ombudsmans aigris par leur quotidien enseveli de plaintes se cache à l’UQAM une femme souriante. Muriel Binette, en poste depuis 2009, a accepté de répondre aux questions de Montréal Campus pour démystifier ce métier méconnu.
Montréal Campus : Quel genre de parcours faut-il suivre pour devenir ombudsman ?
Muriel Binette : C’est toute une expérience. J’ai une formation en droit qui s’est avérée très utile. J’ai enseigné aussi, donc je connais bien la réalité de l’enseignement, des professeurs et des étudiants. Pour devenir un ombudsman, on doit passer des entrevues avec des représentants de tous les membres du conseil d’administration. Des étudiants, des chargés de cours, des professeurs, tout le monde est là. C’est assez intimidant !
M.C. : Quel genre de plaintes un ombudsman uqamien reçoit-il ? Pouvez-vous en donner un exemple ?
M.B. : Par exemple, si un étudiant tombe en dépression en novembre, presque à la fin de la session d’automne, il est fort probable qu’il réussisse beaucoup moins bien ses examens finaux. La révision de note est inutile, alors il se retrouve à mon bureau. Il a alors droit à des accommodements. Mon rôle est de lui accorder l’égalité des chances, c’est à dire une révision de notes, dans le cas échéant. Il est clair que la personne en dépression n’est pas en mesure de bien réussir un examen et c’est mon rôle de le faire comprendre à la direction.
M.C. : Quel autre tâche avez-vous, à part répondre aux plaintes en consultation ?
M.B. : Il y a quelques années, j’ai rédigé la charte des droits et responsabilités de l’étudiant. De plus, chaque année, je dois faire mon rapport annuel, qui devient disponible pour la direction et les étudiants sur le site de l’université. Dans mon rapport, je fonctionne par recommandations. Je recommande chaque année la modification de certaines règles. Par exemple, c’est moi qui ai demandé que soit enlevé le paiement supplémentaire des étudiants au cycle supérieur qui doivent apporter des modifications à leur mémoire ou à leur thèse.
M.C. : Est-ce que c’est dur pour le moral de devoir lire, chaque jour, plusieurs plaintes?
M.B. : Selon moi, je travaille dans les solutions. Les plaintes, je ne les vois plus ; tous les jours apportent un nouveau défi !
M.C. : Quelle est la période la plus occupée dans une année universitaire?
M.B. : Ça vient par phases, souvent en corrélation plus ou moins directe avec l’arrivée des notes. Ma plus grosse période est le mois de janvier. Pourquoi? Premièrement, l’UQAM met à leur disposition leurs résultats du premier semestre durant les fêtes. Ensuite, les étudiants ont beaucoup de temps pour penser pendant les congés et pour reprendre des forces. Car ça prend beaucoup de force, se battre pour ses droits.
M.C. : Finalement, quelles passions faut-il avoir pour être ombudsman ?
M.B. : J’aime les gens, j’adore le milieu universitaire puisque j’y suis intégrée depuis des années et j’ai vraiment beaucoup de difficulté avec les injustices. Donc, je suis bien dans ce que je fais ! Je pense qu’il faut être passionné de ces trois choses pour être un bon ombudsman.
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