Véritable réaménagement du campus uqamien, le Plan directeur immobilier pourrait être le grand perdant des coupures budgétaires imposées par Québec à l’UQAM.
L’incertitude règne entre les murs bruns de l’Université alors que les récentes coupures du gouvernement Marois donnent des maux de tête à l’UQAM. Malgré le recul de Québec sur la question des coupures dans le financement des universités, qui s’élevaient au départ à 249 millions de dollars, l’UQAM aura tout de même à se livrer à quelques contorsions budgétaires afin de boucler sa prochaine année financière. Déjà déficitaire et soumise jusqu’en 2016 au Plan de retour à l’équilibre budgétaire, l’Université pourrait devoir mettre un frein au Plan directeur immobilier (PDI). Ce projet, qui prévoit notamment le déménagement de plusieurs facultés et l’agrandissement du pavillon Judith-Jasmin, pourrait se poursuivre au-delà de 2016, délai prévu initialement.
L’UQAM s’est faite avare de détails sur cette question, mais la directrice des relations de presse, Jenny Desrochers, a tenu à spécifier que plusieurs scénarios d’économie sont envisagés, dont celui de l’étalement du PDI. Certaines étapes du plan de réaménagement uqamien, qui doit permettre à terme de libérer 15 000 m2 d’espace supplémentaire, ont déjà été réalisées. De nouvelles classes ont été aménagées au pavillon Président-Kennedy (PK) et la TELUQ a quitté en décembre les locaux qu’elle occupait au pavillon SU afin de permettre au département de psychologie d’y être transféré. Même si le conseil d’administration de l’UQAM a approuvé le déménagement en juin dernier, le projet est sur la glace. Malgré le début de travaux préliminaires au pavillon SU, aucune date n’a été confirmée quant à la date du départ des futurs psychologues.
Cette étape est cruciale pour la poursuite du PDI, puisqu’elle doit permettre de libérer l’espace nécessaire au transfert de l’École des sciences de la gestion (ESG), présentement installée au pavillon R, vers le pavillon De-Sève (DS).
Les mains liées
La communauté uqamienne est divisée sur la possibilité de retarder le PDI. Alors que plusieurs y voient la solution logique pour faire face aux coupures du gouvernement, d’autres y voient une embûche à la réalisation de projets étudiants. «C’est la seule option vu la situation financière de l’UQAM», affirme le président du Syndicat des professeurs de l’UQAM (SPUQ), Jean-Marie Lafortune. Le secrétaire général de l’Association facultaire des étudiants de science politique et de droit de l’UQAM (AFESPED), Samuel Ragot, tient cependant à rappeler que l’UQAM a un besoin criant d’espace. «Nous devons louer des locaux au-dessus de la caisse Desjardins pour permettre à nos professeurs d’avoir des bureaux avec des fenêtres», explique-t-il. Celui qui est également représentant étudiant au conseil d’administration pense que l’étalement du PDI est envisagé par l’UQAM, mais que ce n’est pas la seule solution présentement sur la table pour l’Université.
Outre l’étalement et la diminution des coupes, le déficit autorisé de l’UQAM pourrait être augmenté pour aider l’institution à boucler son budget. Le nouveau recteur, Robert Proulx, a de son côté laissé entendre que les coupures épargneraient les activités académiques.
L’Association des étudiants de l’École des sciences de la gestion (AEESG) déplore le fait de ne pas pouvoir planifier les activités étudiantes pour les années à venir. «Nous avons des projets d’aménagement d’espaces étudiants qui sont pour l’instant sur la glace puisque nous ne savons même pas dans quel pavillon nous allons être», explique le président, Antoine Genest-Grégoire.
Adopté en 2011, le Plan directeur immobilier faisait suite à une recommandation faite par le Vérificateur général du Québec en 2008 après le dérapage de l’îlot Voyageur. En plus des déménagements du département de psychologie et de l’École des sciences de la gestion, il prévoit le transfert de la faculté de science politique et de droit au pavillon R, celui de l’École des langues au pavillon V ainsi que l’ajout de deux étages au pavillon Judith-Jasmin. La vice-rectrice aux Affaires administratives et financières, Monique Goyette, explique que le PDI a aussi pour objectif de renforcer l’image institutionnelle de l’Université en regroupant les activités des différentes facultés.
Différentes options de coupes budgétaires ont été envisagées lors du C.A. du 5 mars. Au moment de metre sous presse, le Montréal Campus n’a pas pu obtenir plus de détails sur le retardement du PDI.
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