Agaguk, Sylvester Stallone et des rouleaux impériaux à 1000$

L’expérience ultime. C’est ce qu’on dit.

Mercredi soir. Il fait à peu près – 1 000 dehors. Grosses bottes, manteau de ski, foulard, tuque en poils, capuchon, j’ai l’air d’Agaguk. J’attends l’autobus, station Bonaventure, qui n’arrive pas.

J’attends, j’attends, elle arrive, je monte dedans, cinq piasses, je marche vers le fond, m’enfarge un peu,  je m’assois finalement. C’est parti mon kiki, direction Brossard, direction Douchebags City.

J’arrive au goudronné quartier Dix30. L’autobus se stationne devant l’épicentre de la turpitude architecturale; le Walmart. Comme je suis loin de mon profit, je marche une bonne dizaine de minutes, bravant le froid et, surtout, évitant de piler sur les lignes jaunes qui décorent le stationnement. On s’amuse comme on peut, direz-vous.

Et finalement, roulement de tambour, j’accélère le pas, hop hop hop, saute par-dessus deux ou trois lignes jaunes, je suis rendue. Devant moi, le paradis des blockbusters poches et des jeunes prépubères énervés. Le Walt Disney du popcorn, le nirvana des Skittles. Le Cineplex Odeon de Brossard. Mais on s’en fou un peu, c’est vrai, parce que là n’est pas mon point. L’expérience ultime, oh non, ce n’est pas ça. Même pas.

Juste à droite de l’entrée principale du Cineplex, il y a une autre porte. Une porte pour les gens qui ont envie de se sentir privilégiés. Ali Baba tasse-toé d’là! Derrière cette porte, m’a-t-on dit, se cache l’expérience ultime.

Peut-être devrais-je changer de conseiller culturel, mais le cinéma VIP du Cineplex de Brossard, c’est vraiment pouet pouet.  Le concept? Un billet à 18,75$ ou à 21,75$ (3D). Une salle de cinéma plus intime, où on peut réserver nos sièges à l’avance. Ces derniers, d’un cuirette brun-vomi, sont par ailleurs supposés imiter le confort d’un sofa. Mais, vous l’aurez deviné, c’est raté. Aussi, au cinéma VIP, pas de popcorn, pas de Skittles. On y sert du vin et de la Stella Artois ou encore des rouleaux impériaux à 1 000 dollars. Le tout en regardant, par exemple, Bullet to the Head avec Sylvester Stallone.

Pourtant loin de l’expérience ultime qu’on m’avait promise, le concept est à revoir. En voulant rejoindre un trop large public, le Cineplex est à côté de la track.

Je m’explique. Pour une expérience ultime, il faudrait de la cohérence. Rien de mieux, pour les sympathiques douchebags de Brossard, que des ailes de poulet et des produits Molson en écoutant Hansel & Gretel 3D. Il serait toutefois autant pertinent d’implanter le concept de cinéma VIP à Montréal, en y présentant plutôt du cinéma d’auteur. C’est que de mélanger pinot blanc, assiette de fromage du Québec et Bullet to the Head, l’expérience est plutôt décevante.

En plus qu’Agaguk à -1 000 dans l’infini stationnement du Dix30, c’est une expérience plutôt décevante.

Cela dit, il y a ici des artisans du septième art, que ce soit en court ou en long métrage, qui mériteraient une plateforme de diffusion digne de leur talent. Je ne pensais jamais dire ça, mais il serait intéressant de s’inspirer du douteux concept du Cineplex Dix30 pour offrir aux cinéphiles montréalais une expérience ultime, une vraie.

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En parlant de talent d’ici, Notre Home, finalement?  *criquet, criquet*

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