Le premier ministre Jean Charest joue sa carte finale avec la loi 78 pour mener à une sortie de crise. Mais pour les représentants des associations étudiantes, cette loi signifie le début d’une bataille juridique.
La Coalition large de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) a confirmé qu’elle défierait la loi dans une conférence de presse, hier. La Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) et la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), elles, respecteront la loi, même si ce n’est pas de gaieté de coeur. «Je vois mal comment on peut négocier avec quelqu’un qui a le pouvoir de vie ou de mort sur les associations étudiantes en leur retirant leurs cotisations. C’est un rapport de force où le gouvernement détient tous les pouvoirs», déplore Martine Desjardins, présidente de la FEUQ.
Selon la présidente de la FEUQ, la rédaction de la loi 78 avait déjà été entamée depuis plusieurs semaines. Elle suspendra les sessions jusqu’à une reprise vers la mi-août. Le blocage des campus universitaires est dorénavant délégitimé et sera sévèrement puni. Désormais, tout regroupement de plus de 50 personnes doit avertir huit heures d’avance le SPVM de son itinéraire, heure et lieu de rencontre.
Tout individu allant à l’encontre de la loi est passible d’une amende allant de 1 000 $ à 5 000 $, tandis qu’un employé ou représentant d’une association pourrait payer jusqu’à 35 000 $. Les associations étudiantes qui contreviennent à la loi pourraient, quant à elles, payer la contravention la plus salée, qui s’élèverait jusqu’à 125 000 $. Cette loi est en vigueur jusqu’au 1er juillet 2013.
Malgré son désaccord avec cette gestion de crise, la FEUQ va inciter ses membres à respecter la loi, mais la présidente assure qu’elle ne peut toutefois pas garder le contrôle sur ses 125 000 membres. «Je ne peux pas deviner quelle manifestation va devenir illégale. Ça nous rend totalement impuissants», explique Martine Desjardins. Selon elle, les élections seraient le seul moyen de déloger ce gouvernement qui ne représente plus les intérêts de sa population. «Cette loi matraque a été mise en place pour tuer le mouvement au lieu d’essayer de le comprendre. Les Libéraux sont épuisés et ne proposent rien pour la jeunesse. Les jeunes vont s’en souvenir aux prochaines élections. Il faut s’assurer qu’ils ne soient pas réélus», promet-elle.
La 27e manifestation nocturne, le 20 mai dernier, a donné lieu à 300 arrestations. Malgré tout, Québec solidaire justifie la désobéissance civile comme étant une obligation face à «une loi d’une telle iniquité et injustice». «Cette loi-là s’apprête à décréter interdit que je puisse exercer cette liberté de parole. Si pour ça il faut aller en prison, je ne serai pas seul. Mais j’espère qu’on n’en arrivera pas là», affirmait Amir Khadir, député de Mercier, lors du point de presse le 18 mai dernier.
La FEUQ et la FECQ ont fait appel à la clinique Juripop pour déposer mardi prochain une requête contre la loi spéciale. D’ici là, ils ont mis sur pied une pétition contre la loi 78 sur le site www.loi78.com. De plus, une grande manifestation organisée par la CLASSE a lieu le 22 mai pour marquer le 100ième jour de grève des étudiants.
Crédit photo: Olivier Lauzon
Laisser un commentaire