La trinité contemporaine

Trois univers. Trois artistes. Trois démarches. Mais pourtant, une espèce d’ensemble s’en dégage. Une unité sur laquelle on peut difficilement mettre des mots et qui serait plus justement décrite par un sentiment, une impression. Ces trois univers, ce sont ceux de Valérie Blass, de Ghada Amer et de Wangechi Mutu, les vedettes de la prochaine exposition du Musée d’art contemporain de Montréal.

Où j’ai connu la beauté

Titre d’une des sculptures de Blass, il représente l’exposition avec une justesse surprenante. La beauté est présente sans la moindre hésitation dans le corpus d’œuvres présenté. C’est la signification de cette beauté qui m’a échappée à quelques reprises, sans tomber dans l’incompréhension, non, mais en me laissant sur un questionnement, un doute. Menée par la commissaire Lesley Johnstone, l’exposition du travail de Blass est une exploration. À travers l’humain, à travers le beau, le laid. Une opposition entre une influence de l’art ancien et une influence de la société actuelle. En jouant sur une mince ligne entre l’abstrait et le figuré, Blass nous plonge dans un univers inquiétant, troublant, mais assurément intriguant.

Show Me Your City I’ll Show You Mine

Cette oeuvre de Mutu qui mélange le collage et l’encre démontre par son titre la diversité du monde de l’artiste. Elle nous montre son monde intérieur, sa vision de la vie dans cette exposition des plus éclectiques. D’une part, Golden Dance, une installation magnifique qui nous fait entrer dans un cocon de fils brillants où sont projetées deux vidéos, donne l’impression d’être à l’intérieur d’une chute, on s’y sent heureux. D’autre part, Moth Girls, un collage de femmes mite sur des murs craquelés, abîmés, presque sanguinolents, est presque effrayant. Le corpus présenté est éparpillé, mais générateur d’une unité remarquable, soit le regard que Mutu pose sur la société où l’Occident domine et où l’identité est une notion de plus en plus questionnable.

Through the Garden Fence

Ghada Amer présente dans son ensemble exposé des peintures-borderies qui nous poussent à avoir envie de regarder à travers la clôture, de jeter un coup d’œil à l’interdit. De loin, ils paraissent innocents, de simples fils. C’est quand on prend la peine de s’approcher qu’on découvre, presque cachés des formes féminines, des pin-up aux poses suggestives, voire même vulgaires. C’est comme si la borderie jouait le rôle d’un rideau, d’un obstacle. La représentation de la femme, une femme sexuée, est au cœur de l’ensemble présenté.

Photo: Sandrine Champigny

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