L’Université broche à foin

À l’UQAM, plus ça change plus c’est pareil. Fidèle à elle-même, l’Université se surpasse cette fois-ci par son application laxiste d’un règlement qu’elle a pourtant elle-même instauré et défendu en 2006, soit la politique no 32, art. 16.2, 2e paragraphe: «Pour les associations étudiantes reconnues dont le montant reçu à titre de cotisations étudiantes dépasse les 40 000$, les états financiers doivent être vérifiés par un vérificateur externe. Une copie de ces états financiers est déposée au Secrétariat général pour fin du respect de cette obligation.»
  
Comment expliquer que quatre ans après l’instauration de cette politique, personne n’était au courant de son application déficiente avant que Montréal Campus ne commence à enquêter? L’Université était pourtant claire à l’époque. Elle martelait vouloir appliquer la politique coûte que coûte. Quatre ans plus tard, aucune des sept associations facultaires n’avait remis ses états financiers soumis à une mission d’audit – la vérification comptable demandée par l’UQAM – pour l’année 2009-2010. Pire encore, deux associations n’avaient rien remis depuis plusieurs années, soit l’Association facultaire des étudiants en langues et communications (AFELC) et l’Association facultaire des étudiants en arts (AFEA). Ces dernières gèrent pourtant des dizaines de milliers de dollars en cotisations étudiantes.
 
L’UQAM ayant été victime d’amnésie au cours des dernières années, les associations ont eu beau jeu de ne pas se soumettre au règlement qui avait fait des mécontents en 2006.
Lors de son instauration, la nouvelle politique 32 avait déplu à plusieurs associations étudiantes. Plusieurs estimaient alors la dépense inutile ou accusaient l’UQAM de vouloir briser leur autonomie.
 
Mais tout le monde n’était pas de cet avis, puisqu’en novembre 2006, quatre des neuf représentants étudiants s’étaient joints à la direction et avaient voté contre une résolution du Comité à la vie étudiante (CVE) qui proposait la suppression du paragraphe litigieux. Depuis, le CVE n’a plus traité de la question lors de ses réunions, même si la poursuite des discussions avait été encouragée par la présidente de la réunion.
Une nécessité
La gestion de ces sommes conséquentes est probablement impeccable. Sauf qu’avec les montants en jeu, les associations étudiantes ont une obligation de transparence. Et cette transparence passe par une vérification comptable rigoureuse de leurs états financiers. L’histoire uqamienne recèle trop de cas de vols de milliers de dollars et d’exécutants partis avec la petite caisse. Pour protéger l’argent des étudiants – ce qui ne les libère pas de leurs responsabilités de surveiller leurs associations facultaires – et pour se protéger d’elles-mêmes, les associations doivent rendre des comptes à l’Université. Pour quelques milliers de dollars, elles s’assurent ainsi de ne pas être accusées de gestion frauduleuse. Cette vérification permet aussi à l’UQAM, qui perçoit les cotisations et les remet aux associations facultaires, d’avoir l’assurance que l’argent des étudiants est entre bonnes mains.
 
Maintenant que le chat est sorti du sac, l’UQAM ne peut plus se défiler. Elle doit exiger dès cette année que les associations étudiantes lui remettent des états financiers dûment vérifiés, quitte à ne pas transférer les cotisations des étudiants aux associations négligentes. L’Université doit exiger des associations étudiantes, qui gèrent collectivement plus d’un million de dollars, une transparence irréprochable, dont elle doit elle-même se faire l’apôtre.
 
Louis-Samuel Perron
uqam.campus@uqam.ca

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