Un parent-étudiant a droit à en moyenne 200$ de plus par année de prêts et bourses qu’un autre étudiant de la part de l’Aide financière aux études (AFE). C’est assez pour payer douze paquets de couches et quatre pots de 900g de lait en poudre. Mais les deux tiers des 7000 parents-étudiants à l’UQAM ne réclament pas de prêts et bourses, selon un document de recherche du département d’Études féminines. Beaucoup considèrent l’AFE peu avantageuse vu leur situation.
Sur les 600 membres du Comité de soutien aux parents-étudiants de l’UQAM (CSPE), seulement 16 personnes se sont présentées à un midi-rencontre d’information sur les prêts et bourses pour parents-uqamiens. La plupart n’avaient pas le temps d’y assister puisqu’ils jonglent entre étude, travail et famille. «Plus de 75% des parents étudiants doivent travailler en plus d’étudier et de s’occuper de leur famille» explique Julie Noël, coordonnatrice du Comité et mère de deux enfants de moins de quatre ans.
Beaucoup d’uqamiens qui ont un enfant à charge et un emploi considèrent qu’il n’est pas avantageux de quitter son emploi pour les prêts et bourses. Comme pour tous les étudiants, leur salaire est pris en compte dans le calcul des prêts et réduit de beaucoup leur aide financière, particulièrement pour ceux qui font un retour aux études et qui ont un salaire plus élevé. S’ils ont un conjoint qui reçoit un salaire, cela sera aussi considéré. Beaucoup croient que le fait de suivre des cours tout en ayant un enfant à charge devrait être reconnu financièrement, même symboliquement. Un 200$ de plus ne représenterait pas tous les coûts supplémentaires qu’encourent un bambin.
Quelques avantages
Les petits pots de légumes, les couches, le lait en poudre, la garderie et la situation monoparentale sont reconnus dans le calcul des dépenses admises du programme des prêts et bourses de l’aide financière aux études du Québec. Les paramètres propres aux parents-étudiants sont donc analysés par le gouvernement. Un étudiant qui a un enfant mais qui habite encore chez ses parents plutôt nantis aura aussi accès aux prêts et bourses, contrairement à un étudiant régulier qui n’est pas en difficultés financières. De plus, un demandeur doit être aux études à temps plein pour pouvoir bénéficier de l’aide financière, mais un parent ayant un enfant à sa charge sera éligible même s’il ne suit qu’un cours. Julie Noel a ainsi accès à des prêts même si elle étudie à temps partiel en histoire. «Je n’ai jamais eu plus de deux ou trois cours par session pour pouvoir m’occuper de mes enfants», ajoute la jeune mère.
Un avantage qui peut devenir un couteau à double tranchant puisque les parents-étudiants qui n’ont pas le temps d’étudier à temps plein doivent souvent prolonger la durée normale de leur bac. Selon Juliette Perri, conseillère à la division de l’aide financière du Services à la vie étudiante, «il y a certes des avantages à être un parent-étudiant, mais il faut garder en mémoire que prendre cinq ans pour faire un bac par rapport à trois ans, c’est deux ans de plus d’endettement, ce qui revient à presque 5000$ de plus».
Étudier tout en ayant un enfant est une décision difficile mais les étudiants trouvent souvent leur motivation grâce à leurs tout-petits. «Étudier et être mère est quelque chose d’enrichissant, surtout pour les enfants puisque cela stimule leur curiosité de voir leurs parents dans les livres. Je crois que cela les influence indirectement même s’ils n’en ont pas conscience», s’exclame Marik Audette, uqamienne et mère d’un bambin de 18 mois. «C’est une décision importante avoir un enfant mais c’est un choix personnel», ajoute Julie Noel. L’étudiante a commencé un premier bac avec un bébé. Elle terminera bientôt son second bac avec deux bambins.
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