Les recteurs pour la hausse des frais

Une augmentation annuelle des frais de scolarité de 500$ après 2012, pendant trois ans: c’est ce que propose la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ) pour pallier le sous-financement des établissements universitaires.
À quelques jours de la Rencontre des partenaires de l’éducation qui se tiendra à Québec le 6 décembre prochain, la CREPUQ propose deux hausses successives des frais de scolarité sur dix ans, pour atteindre la moyenne canadienne en 2020. L’organisation souhaite voir le coût d’une année d’étude passer de 2068$ à un peu moins de 5500$ par année en 2020. La facture étudiante serait donc de 250% fois plus salée en 2020.

«Les étudiants québécois, en 1968, investissaient un certain montant d’argent dans leurs études, nous demandons que ce montant soit indexé au coût de la vie depuis cette date», justifie le directeur général de la CREPUQ, Daniel Zizian. La CREPUQ souhaite aussi voir les contributions des entreprises privées augmenter pour, à terme, combler l’écart de financement entre les universités du Québec et celles des autres provinces canadiennes. Selon leur dernière étude sortie le 2 décembre dernier, cette différence serait d’environ 620 millions de dollars. 

Dans un premier temps, les étudiants paieraient 1 500$ de plus sur trois ans, afin d’atteindre 3 500$ aux alentours de 2014-2015. Par la suite, la CREPUQ demande une indexation des frais québécois à la moyenne canadienne avant 2020, justifiée par l’écart qui existe entre le financement des universités canadiennes et québécoises. «On ne vit pas dans un vase clos, on vit dans une société avec des universités qui remplissent le même rôle dans leur milieu et il est bon de se comparer», explique Daniel Zizian. 

Il ajoute que la hausse des coûts pour les études post-secondaires est incontournable. «Expliquez-moi pourquoi tout le reste dans la vie augmente et que les frais de scolarité devraient rester stables?» questionne-t-il. Selon lui, les étudiants paient une proportion moindre de leur formation par rapport à il y a 40 ans, ce qui créerait une iniquité intergénérationnelle. «Il nous apparaît équitable de demander le même effort aux étudiants à travers le temps», rajoute Daniel Zizian. En dollars constants toutefois, les frais de scolarité, incluant les frais institutionnels aujourd’hui obligatoires, sont passés de 775$ en 1989, à 2 900$ en 2009. En 10 ans, les étudiants auraient vu leur facture gonfler de 350%, selon les dernières recherche de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) et les chiffres de la CREPUQ.

Daniel Zizian rappelle que le «financement du gouvernement, quant à lui, est resté stable» et que Québec aide ses universités davantage que les autres provinces. Il y a dix ans, l’État finançait un peu plus de 80% du coût de la formation universitaire, selon les indicateurs du ministère de l’Éducation. Cet apport est aujourd’hui à 68%, selon l’étude de la CREPUQ.

«Nous avançons cette position parce que ce qui est demandé par le gouvernement, c’est une façon de hausser les frais de scolarité», termine le directeur général. La hausse des frais est une des propositions qui seront étudiées à Québec le 6 décembre prochain.

De son côté, le recteur de l’UQAM, Claude Corbo se disait en faveur d’un maintien de l’accessibilité universitaire et contre la possibilité de laisser aux universités le choix des frais de scolarité, dans une entrevue donnée au Journal UQAM, le 29 novembre dernier. Il s’était aussi opposé à une différenciation des frais par programme en août dernier, une autre des propositions actuelles de la CREPUQ. Claude Corbo avait alors amené des réticences à voir des programmes en gestion ou en médecine devenir plus dispendieux que ceux en géographie ou en histoire, par exemple. La direction de l’UQAM a refusé de commenter la position de la Conférence des recteurs avant le 6 décembre.

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