L’implication a un prix

Compensations financières aux exécutants des associations étudiantes

Zéro dollar de l’heure, 15 heures semaine. Pas très alléchant, n’est-ce pas? C’est pourtant le lot des exécutants de la plupart des associations étudiantes de l’UQAM. Mais pour pallier la lourde charge de travail, certains regroupements octroient des compensations financières à leur Conseil exécutif. Une pratique qui ne fait pas l’unanimité.


Réunions tardives, gestion d’un budget de plusieurs dizaines de milliers de dollars, préparation de dossiers et représentations politiques: occuper un poste exécutif au sein d’une association étudiante demande temps et dévotion, surtout lorsqu’il faut concilier études, famille et emploi. Nombreux sont ceux qui tournent les talons en voyant l’étendue des tâches d’un exécutant. À coup de bourses d’implication ou d’allocations, les associations étudiantes multiplient les moyens pour donner des compensations à leurs exécutants. Sauf que l’initiative n’est pas privilégiée par tous. 
«Le problème, ce n’est pas qu’il n’y ait personne pour s’impliquer, explique l’adjoint à l’exécutif de l’Association facultaire des étudiants en arts (AFEA), Patrick Véronneau. Au contraire. Le problème, c’est qu’ils virent de bord en voyant la charge de travail que ça implique.» La mi-session déjà passée, plusieurs conseils exécutifs d’associations étudiantes de l’UQAM demeurent incomplets. Celui de l’Association étudiante de l’École des sciences de la gestion (AEESG) présente actuellement trois postes vacants, soit ceux de secrétaire général, de vice-président aux services et de vice-président aux cycles supérieurs. Deux étudiants ont récemment démissionné à cause de la trop grosse charge de travail que représentent les responsabilités d’officier tandis qu’un autre poste n’a jamais été comblé. «Le plus difficile, c’est d’essayer de convaincre les étudiants que ce n’est pas juste une corvée de travailler pour l’association, confie le président de l’AEESG, Félix-Antoine Daigle. C’est aussi très satisfaisant.» Selon les représentants des différentes associations facultaires de l’UQAM, les exécutants consacrent en moyenne dix heures par semaine à leur association, mais beaucoup plus durant certaines périodes de l’année. «J’ai fait plus de 100 heures en trois semaines au début de l’année universitaire», indique Félix-Antoine Daigle. 
Un appât?
Pour rendre plus attrayant le travail des exécutants, certaines organisations étudiantes octroient des compensations financières à leurs officiers sous différentes formes. L’Association facultaire étudiante des langues et communications (AFELC), l’AFEA et l’AEESG attribuent des bourses d’implication à leurs exécutants. Les bourses de l’AFELC s’élèvent à 320 $ par mois, celles de l’AFEA et de l’École des sciences de la gestion à 2000 $ par année. Pour percevoir ces montants d’argent, les exécutants doivent rédiger des rapports expliquant leur démarche. Ces derniers sont ensuite évalués par un comité central dans le cas de l’AFELC et de l’AEESG et par le Conseil des associations de programme (CAP) à l’AFEA. Ces instances sont constituées des membres de leur Conseil exécutif et de délégués de programme. L’obtention des bourses se fait sous condition de la réalisation des objectifs du plan d’action. Selon la qualité du travail des exécutants, la totalité, la moitié ou aucun montant d’argent peuvent leur être versés. 
De leur côté, les officiers de l’Association des étudiants de la faculté des sciences de l’éducation (ADEESE) ne bénéficient pas d’une bourse, mais d’une allocation. Si les membres de l’exécutif s’impliquent moins de cinq heures par semaine, ils ne reçoivent rien. Selon la présidente de l’ADEESE, Martine Desjardins, la majorité des employés travaillent entre 6 et 9 heures. C’est donc dire qu’ils reçoivent une allocation de 50 $ par semaine, un montant qu’elle juge ridicule. 
À l’UQAM, les comités de l’Association étudiante du secteur des sciences (AESS), de l’Association facultaire étudiante de science politique et de droit (AFESPED) et de l’Association facultaire étudiante des sciences humaines (AFESH) ne perçoivent aucune compensation financière. Pourquoi, à travail égal, n’y a-t-il pas «récompenses» égales? À l’AESS, la question a déjà été soulevée en assemblée générale, mais les étudiants ont voté contre en majorité. «Personnellement, je pense que ça pourrait encourager plus d’étudiants à s’impliquer, soutient l’adjointe à l’exécutif de l’AESS, Lydia Roy-Simard. Mais ce n’est pas le seul moyen et ce n’est pas nécessaire pour s’impliquer.» Pour celle-ci, l’expérience qu’apporte l’implication étudiante est déjà d’une grande valeur.
Tous les représentants des associations étudiantes qui octroient une compensation financière à leurs exécutants s’entendent sur une chose: les officiers ne s’impliquent pas pour l’argent, mais bien pour la cause étudiante. «Ça n’encourage pas les étudiants à s’impliquer, assure Martine Desjardins, présidente de l’ADEESE. Souvent, ils ne sont même pas au courant de l’existence de ces compensations financières. Le but, c’est vraiment de changer les choses.» Mais pour Félix-Antoine Daigle, président de l’AEESG, cette bourse demeure essentielle. Il calcule qu’il a perçu 1,22 $ l’an passé pour chaque heure travaillée. «Reste que sans la bourse, ce serait difficile pour moi d’y arriver», confie-t-il. 
 
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Et dans les autres universités?
À l’Université de Sherbrooke, les exécutants des associations étudiantes travaillent bénévolement. Selon le trésorier de l’Association générale des étudiantes et étudiants de la Faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke (AGEEFEUS), Philippe Olscamp, il serait illogique que les étudiants cotisent davantage pour payer les exécutants alors qu’ils se battent présentement pour le gel des frais de scolarité. 
À la Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAECUM), les officiers perçoivent un salaire équivalent à une semaine de 40 heures au salaire minimum, soit 380 $ par semaine. Selon leur attaché politique, Alexandre Ducharme, les officiers investissent près de 80 heures par semaine. L’organisation représente toutes les associations départementales et facultaires de l’Université de Montréal, soit plus de 33 000 membres. 
À l’Université Laval, les exécutants des associations facultaires et modulaires ne reçoivent aucune bourse, mais bénéficient de crédits d’implication. «Trois crédits sont offerts en échange de 135 heures d’implication dans la vie associative, dans l’organisation d’évènements ou dans la gestion de projets», explique le vice-président aux affaires institutionnelles de la Confédération des associations des étudiantes et étudiants de l’Université Laval (CADEUL), Frédéric Clerson. Les trois crédits sont ensuite attribués selon l’évaluation d’un comité composé de deux professeurs, d’un étudiant de la CADEUL et d’un membre de l’Association des étudiantes et des étudiants de Laval inscrits aux études supérieures (AELIES).

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