Quand les profs s’en mêlent

À l’UQAM, il n’y a pas que les étudiants qui parlent de grève. Les enseignants prennent aussi la parole sur la question, parfois à contre-courant de la position syndicale.

«À la suite de nos tournées de classe, on a entendu entre les branches que des professeurs faisaient des commentaires à la blague comme: ‘’D’autres gaugauches. Des hippies’’», déclare la vice-présidente aux affaires externes de l’Association étudiante de École des sciences de la gestion de l’UQAM (AEESG), Stéphanie Zummo. Si le Syndicat des professeurs (SPUQ) et le Syndicat des chargés de cours de l’UQAM (SCCUQ) appuient officiellement la cause étudiante, le message véhiculé en cours varie. Selon Jean-Marie Lafortune, troisième vice-président du SPUQ, le corps professoral n’est pas nécessairement uni dans sa vision de la mobilisation étudiante, bien que les deux derniers votes aux conseils syndicaux se soient montrés défavorables à la hausse des frais de scolarité. «Comme professeurs, on est des intellectuels avec une certaine liberté académique, une liberté de pensée, lance Jean-Marie Lafortune. C’est une position personnelle. Pour moi, on peut faire une sortie d’opinion en autant qu’on l’argumente.»

À ce sujet, Stéphanie Zummo, vice-présidente aux affaires externes à l’AEESG, explique les conséquences des ruptures entre ce que le syndicat défend et ce que disent certains enseignants aux positions divergentes. «Cela déstabilise les étudiants qui ne savent plus ce qui est vrai et qui se positionne où, craint-elle. Cela peut avoir un impact sur leur opinion.» Le troisième vice-président du SPUQ n’y voit toutefois pas d’inconvéniants. Il juge que les étudiants sont assez autonomes pour réagir aux propos d’un professeur et se faire leur propre idée. «La légitimité des prises de paroles vient essentiellement de l’argumentation qui les appuie, estime Jean-Marc Lafortune. Lorsqu’on dit qu’on est une société du savoir, c’est fondé sur une argumentation. Il faut soutenir des délibérations, procurer les informations nécessaires, poser les bonnes questions et se donner le temps pour les discussion.»
Des balises sont toutefois nécessaires pour ne pas empiéter sur le volet éducatif. «La grève n’est pas matière de cours, exprime Réjean Gaudreau, chargé de cours à l’UQAM. Lorsque je donne mon opinion sur quelque chose, je stipule clairement ‘’notez bien que je ne le fais pas à titre d’enseignant, c’est le citoyen Gaudreau qui parle’’.»

S’il estime que la majorité des enseignants sont plutôt favorables à la grève, le coordonnateur aux communications de l’Association facultaire étudiante des sciences politiques et droit, Alain Savard, considère néanmoins qu’ils encouragent le débat sur la question. Un débat qui, selon lui, relève de l’espace public académique, mais appartient d’abord aux étudiants. «En bout de ligne, j’ose espérer que les gens prendront des décisions réfléchies qui ne se fondent pas sur des arguments d’autorité comme “si le prof le dit, ça doit être vrai“.»

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