Dossier : Les défis de l’enseignement supérieur |
Aucune formation en pédagogie n’est requise pour enseigner à l’UQAM. Les avis divergent quant à savoir s’il serait positif de rendre obligatoire ce type de formation au sein de l’université.
« On n’irait jamais voir un médecin qui n’a pas de formation en médecine, on n’irait jamais voir un avocat qui n’a pas de formation en droit… C’est vraiment aberrant qu’on puisse enseigner au niveau supérieur sans avoir reçu une formation sur l’enseignement », illustre Anastassis Kozanitis, directeur du département de didactique de l’UQAM.
Chaque nouvel(le) enseignant(e) de l’UQAM reçoit une invitation pour une formation pédagogique. Il ou elle est donc libre de l’accepter ou de la refuser.
Viviane Boucher, conseillère pédagogique au Carrefour d’innovation et de pédagogie de l’UQAM, voit tout de même des points négatifs à rendre une formation obligatoire. « Si j’essaie de te pousser, ça ne va pas t’aider à apprendre. La façon dont on invite les gens à s’améliorer, ça a un impact sur la réceptivité de l’apprentissage. »
Marina Caplain, chargée de projets technopédagogiques à l’UQAM, est du même avis.
« Ce n’est pas parce qu’on se fait imposer une formation en pédagogie qu’on est un bon pédagogue. »
Marina Caplain
L’université diffère du primaire et du secondaire où l’enseignant(e) est spécifiquement formé(e) pour enseigner, rappelle-t-elle. « Quand on est professeur à l’université, on a trois mandats : enseigner, faire de la recherche et offrir des services à la collectivité », énumère Mme Boucher.
À Polytechnique Montréal, chaque enseignant(e) doit recevoir une formation pédagogique individuelle d’un an lors de sa première année de travail. Simone Aubé-Legault, étudiante à Polytechnique, pense que ses professeur(e)s « sont très compétents dans leurs domaines respectifs », mais remarque toutefois des lacunes dans leurs méthodes d’enseignement. Elle n’était pas au courant de l’existence de cette formation obligatoire.
Cercle vertueux
« Un des facteurs principaux expliquant pourquoi un enseignant tombe en arrêt de travail est la relation qu’il vit avec ses étudiants », croit M. Kozanitis. Il pense qu’en allant chercher de l’aide pour mieux enseigner, la personne peut entrer dans un « cercle vertueux ». « L’enseignant essayant une nouvelle méthode d’enseignement va constater des résultats positifs dans ses interactions avec ses étudiants et va vouloir s’améliorer encore plus. » Développer une meilleure relation avec ses étudiant(e)s le mènera à apprécier davantage son emploi et son cours sera davantage apprécié, dit-il.
Bien qu’il soit directeur du département de didactique, M. Kozanitis estime que son impact est limité pour améliorer la culture pédagogique de l’UQAM. Au contraire, il pense que ce serait plutôt les étudiant(e)s qui ont le gros bout du bâton.
« Un signal est donné à la direction lorsque des étudiants se plaignent d’un membre du personnel enseignant ne déployant pas les énergies nécessaires pour entrer en contact avec ses élèves », assure-t-il.
Les évaluations de l’enseignement sont « regardées », affirme M. Kozanitis. « Par contre, une ou deux personnes donnant des commentaires négatifs ne vont pas faire bouger les choses. » Il faut qu’une majorité des commentaires soient négatifs pour qu’un(e) professeur(e), par exemple, rencontré(e) par le directeur du département.
Des outils pour mieux enseigner
Le Carrefour d’innovation et de pédagogie est un service offert aux enseignant(e)s et au personnel de soutien de l’UQAM pour les aider dans leur formation pédagogique. Le corps professoral se rendant à des formations offertes par le Carrefour est donc plus réceptif à l’apprentissage, pense Viviane Boucher.
« Ce qu’on souhaite, c’est que de plus en plus d’enseignants viennent nous consulter [au Carrefour] et que nos services soient mieux connus », dit Mme Caplain.
Quant à lui, M. Kozanitis pense tout de même que la culture pédagogique de l’UQAM est en constante amélioration. « Les signes sont positifs, car l’Université a embauché plus de personnel pour la formation des enseignants. »
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